C’était l’un des derniers combats de la journée ce dimanche à l’Institut du Judo. Demi-finale des -90kg entre Anthony Joubert (Nice Judo Alliance) et Paul Livolsi (AJA Paris XX). Une rencontre malheureusement au centre de beaucoup de discussions entre les personnes présentes mais aussi des spectateurs de Judo TV puisqu’elle fut marquée par un incident.
D’abord les faits : nous sommes à trente-six secondes de la fin du combat. Joubert est alors sanctionné de deux shido, Livolsi un. Sur une action en bordure, le Niçois sort nettement du tapis. Livolsi se relâche, lève les bras en l’air, se retourne vers la table, pensant sans doute l’action terminée. L’arbitre central donne alors « matte », pile au moment où Joubert encercle Livolsi en prise de l’ours avant de le plaquer au sol sur le dos. L’action est logiquement annulée. Le Parisien se fait alors soigner quelques minutes après s’être fait ouvrir la lèvre sur cette action. Le combat reprend, les trois arbitres décidant donc de ne pas sanctionner le Niçois pour sortie de tapis, alors que cette dernière paraissait pourtant claire. Plus tard, sur une séquence durant le golden score, Joubert lance un mouvement d’épaule sur lequel Livolsi tombe du mauvais côté et sur la tranche. Waza-ari annoncé par l’arbitre. Joubert lance alors un tonitruant « Et ferme là toi maintenant ! » en direction d’Alexandre Borderieux, professeur de Paul Livolsi. Un « pétage de plombs » qui tend encore plus une situation qui n’en avait pas franchement besoin lors d’un combat dont la direction arbitrale a perdu subrepticement la main. Joubert est tout de même désigné vainqueur par ce dernier. Une décision incomprise par beaucoup. Il ne sera toutefois pas autorisé à faire la finale face à Marc-François N’Gayap (AM Asnières).
Joint au téléphone à propos de ce combat, Christian Dyot, responsable de l’arbitrage sur cet évènement et représentant de la DTN à la commission nationale d’arbitrage (CNA) s’explique. « La décision de donner Anthony Joubert vainqueur a été prise à chaud par le trio arbitral, car ce dernier s’est excusé rapidement de ses mots. Il a aussi été tenu compte que sa réaction n’était pas que de son fait, qu’elle tenait à l’ambiance, aux dires et comportements des deux coaches. Nous avons néanmoins décidé de l’empêcher de faire la finale parce qu’il fallait tout de même marquer le coup, d’autant que le combat était diffusé sur Judo TV. Concernant les suites données à cette affaire, une lettre va être envoyée aux deux clubs. Reste qu’il est très dommageable que cette journée se finisse comme ça. »
Un incident sous forme de « cas isolé » ? C’est, en l’occurrence, la manière dont a été appréhendée la réaction critiquable d’Anthony Joubert par les instances du jour. Une prise de position critiquée par certains spectateurs ou personnalités présentes. Ces derniers rappelant le précédent, plus grave, qui avait émaillé les championnats de France par équipes 2019 entre Nicolas Chilard et Giga Abuashvili. Et les sanctions, jugées trop clémentes, vis-à-vis de ce genre de comportements. Cela tombe bien, la CNA réfléchit depuis quelques mois à cette problématique ainsi qu’à celle du comportement à avoir pour les accompagnants. « Nous réfléchissons à un système de droits et devoirs pour les coaches, poursuit Christian Dyot. Une visioconférence doit se tenir prochainement pour discuter à nouveau de ce sujet et ainsi mettre quelque chose de satisfaisant en place pour la rentrée de septembre, voire avant. Ainsi, si le coach se montre trop véhément, passe son temps à essayer d’influencer l’arbitre plutôt qu’à donner des conseils à son athlète, des sanctions pourront être prises. Car cette attitude, poussée par l’idée de gagne à tout prix, n’est pas du tout une bonne chose. Trois hypothèses sont sur la table : la suppression pure et simple des coaches, la pénalisation d’un shido pour le combattant quand son accompagnant déborde, ou l’instauration d’un système de carton jaune/carton rouge pour le coach qui, s’il prend un carton rouge, ne pourra plus coacher sur le combat en question. »