Avec quatre champions du monde présents tout de même, pour une compétition organisée pour la première fois, et dont l’enjeu sportif était entièrement à construire, on peut dire que cette aventure originale, voulue par le champion français Teddy Riner, a d’ores et déjà placé la barre assez haute et augure d’une suite.
Il l’avait imaginé comme ça, et il faut croire que la force de conviction de Teddy Riner est grande, puisqu’il a su convaincre non seulement des champions français et étrangers du tout meilleur niveau de sortir de leur calendrier ultra-calibré pour venir jouer avec lui, mais aussi des centaines de combattants français de tous niveaux de le rejoindre à l’Arena Teddy Riner à Asnières pour en découdre le temps d’un week-end, un peu différent de l’ordinaire.
Trotinettes, tablettes et jolis chèques
Le décor et l’esprit avaient été posés le samedi, pour la compétition des cadets et cadettes. Sous les yeux d’un public nombreux, dans lequel on retrouvait tout le week-end bon nombre de ses camarades de l’équipe de France, comme Luka Mkheidze, Madeleine Malonga, Joan-Benjamin Gaba ou encore Romane Dicko, la fine fleur française de cette catégorie d’âge se livrait à une belle bataille, exacerbée par le plaisir de pouvoir obtenir en fin de journée, en plus d’une médaille, des trottinettes pour les premiers, des tablettes aux seconds, des chèques de cent-cinquante euros aux troisièmes, et bien remontée dès le matin par un échauffement effectué en musique avec un DJ de choix, l’ancien international de football Djibril Cissé ! On était assez loin de l’esprit japonais sur ce plan : pour « son » événement judo, Teddy Riner avait suivi sa vision, une compétition originale et désinhibée, dynamisée par les ingrédients du « show » sportif, musique, « people », animateur au micro et cadeaux…
Super finales
Le dimanche, la compétition prenait une dimension nouvelle, avec la participation excitante de pas moins de quatre champions du monde, dont la Néerlandaise Joanne Van Lieshout, championne en titre tout de même en -63kg, accompagnée dans la balade par sa compatriote double médaillée mondiale et médaillée olympique en -70kg Sanne Van Dijke. Chez les hommes, rien de moins que l’Espagnol Franscisco Garrigos, champion du monde 2023 et médaillé olympique 2024 en -60kg, et le Cubain Andy Granda, champion du monde 2022 en +100kg. Il y avait aussi une Française avec ce statut, la grande Audrey Tcheumeo, championne du monde 2011, et titulaire pour les prochains championnats d’Europe. Seul l’Espagnol allait faillir, succombant à la motivation du jeune Roland Antonin Elion Gambou, titulaire du championnat d’Europe juniors en 2023. Van Lieshout s’imposait à Gaëtane Deberdt en finale des -65kg féminines – des catégories de poids décalées, une innovation de la Riner Cup – et emportait ensuite la super-finale – une autre innovation de ce format – contre la médaillée d’or des -53kg, Astride Gneto. Redoutable dans la catégorie des +86kg où il infligeait un gros ko-soto-gari à Cédric Olivar, Andy Granda gagnait ensuite la super-finale contre le -81kg, engagé en -86kg, Emir Janfaoui. Chez les plus légers, c’est un Japonais anonyme, mais remarquable en uchi-mata, Raiki Obata, qui dominait les -76kg et la super-finale contre les -66kg.
Audrey essaie des choses
Et Audrey Tcheumeo ? Engagée en +77kg, elle s’offrait une vraie compétition, avec le stress de la victoire obligée devant le patron Riner, dans l’optique aussi d’essayer de nouvelles choses, comme un travail au sol plus construit, contrôle du bras efficace et osae-komi, qu’elle sortait brillamment lors de la super-finale contre Juliette Diollot, victorieuse de la catégorie des -77kg. Auparavant, elle avait réglé avec autorité celle des +77kg avec deux victoires aux pénalités en demi-finales contre une habituée du podium national en -78kg, Océane Zatchi-Bi, et la formidable Grace-Esther Mienandi-Lahou en finale. Un bon entraînement en prévision des championnats d’Europe au Monténégro à la fin du mois… et une belle prime pour un tournoi d’entraînement, car les vainqueurs de la super finale se voyaient offrir un beau chèque de quatre-mille cinq-cents euros.
Pour le public présent, la fête se finissait en longues séances de dédicaces où Teddy et ses amis, Romane, Luka et les autres, prenaient le temps de partager. Somme toute, deux belles journées de judo à Asnières. Et comme une idée de suite en vue pour cette proposition innovante, avec une inscription possible au calendrier national. C’est à suivre.