Officiellement directeur technique national de la FFJDA depuis le 1er mars, Sébastien Mansois revient pour L’Esprit du Judo sur les projets en cours et futurs.

Lors de notre dernière interview vous aviez évoqué votre volonté d’améliorer les « process ». Où en êtes-vous ?
En effet, nous avions diagnostiqué un manque de formalisation dans certains domaines au sein de la fédération. Dans ce cadre, et pour donner un exemple très concret, un conseil des règlements a été mis sur pied.
L’idée ? Que cet organe centralisateur compile, propose et rédige un cahier des charges clair et transparent sur tout un tas de sujets : la ranking list nationale, l’organisation des tournois labellisés mais aussi des championnats de France avec l’idée de se rapprocher progressivement de ce qui se fait pour les coupes européennes – dont la taille des surfaces de combat -, les quotas (et conditions de hors quotas), etc.
Ce conseil, composé du directeur et du directeur adjoint de la haute performance (Larbi Benboudaoud et Bastien Puget, NDLR), de membres de la DTN sportive, de cadres techniques territoriaux et de professeurs va finaliser un premier document le 19 mai. Ce dernier sera ensuite proposé au conseil d’administration de France Judo. L’objectif est d’avoir ces règlements prêts pour la rentrée sportive.

Vous évoquiez également la question des diplômes…
Tout à fait. La question de la certification, dans sa globalité, est une question cruciale pour le judo. Sur le diagnostic – qui dure depuis quinze à vingt ans en fait – nous nous sommes rendu compte par exemple que le sujet de la durée des formations proposées (CQP, BPJEPS, etc.) est parfois jugée trop longue, et est donc un frein à se lancer dans une formation initiale ou continue. La question du coût est également évoquée. Mais les dispositifs d’aide au paiement de la formation (comme l’apprentissage, les régions, pôle emploi, les OPCO) font que cette problématique trouve, souvent, une solution favorable.
Autre problème soulevé, l’existence de modules (sur la self-defense par exemple) dont la notoriété auprès des professeurs ou pratiquants n’est pas assez développée. Il y a donc évidemment des choses à améliorer. Reste que le judo a de formidables atouts dont celui d’être une des fédérations qui a le plus la culture de la formation ! En effet, nous estimons à quatre-vingts le nombre de valences de certification pour le judo et les disciplines associées. Cela va d’un « petit » certificat jusqu’au diplôme d’État. Le panel est donc large et riche.
Si un quart de de ces quatre-vingts valences existent déjà, les futures valences en cours de création pourraient, par exemple, être proposées notamment en fonction de l’âge (avec des modules de certification sur « la pédagogie sur les quatre-six ans ») ou de spécialités (un module sur l’enseignement du nage-no-kata ou des katas en général). Certains seront en présentiel, mais d’autres pourront l’être en distanciel, comme par exemple celui consacré à la lutte contre les violences et à la citoyenneté, qui seront les modules prioritaires de cette nouvelle offre. À terme, une agrégation de ces modules permettra d’obtenir un diplôme de type BPJEPS. Cette agrégation pourra se faire sur plusieurs mois ou années.
L’objectif principal de tout cela est de proposer des modules qui se rapprochent des besoins quotidiens et des envies des professeurs et pratiquants. Un premier projet global (il y aura nécessairement des ajustements) de cette nouvelle offre de formation sera présentée en fin de saison.

Il y aussi le projet des 1000 dojos, Villebon, Judo TV, etc. …
C’est un projet d’envergure dont la mise en route prend du temps car de nombreux décideurs et champs sont acteurs du projet (collectivités locales, ANS, fédération, bailleurs sociaux, etc.).
Cet objectif central de la nouvelle gouvernance est à la croisée de plusieurs problématiques. Celle, d’abord, de pouvoir proposer du judo dans des lieux où il n’y en a pas. C’est un projet très ambitieux pour lequel l’Agence nationale du sport met à notre disposition 35 millions d’euros !
Celle, aussi, de la formation, puisque les futurs professeurs de ces dojos auront à se former via les futures valences pour être en capacité non seulement de bien enseigner le judo mais de répondre aux autres activités qui se tiendront dans ce lieu.
Celle, enfin, du modèle économique des clubs de judo. Une question qui dépasse d’ailleurs le sujet des 1000 dojos. Si le nombre de professeurs formés chaque année reste stable (y compris d’ailleurs lors de la crise Covid, bien aidée par l’aide de l’État sur l’apprentissage), le fond du problème est le suivant : comment faire rester les professeurs fraichement diplômés dans le métier ? Car le constat est là : nombre de nouveaux professeurs ne reste pas dans le judo. Se pose donc la question de la pérennité et du modèle économique des clubs. L’employabilité du professeur du judo est un sujet fondamental pour notre discipline. Nous travaillons là-dessus, et plusieurs propositions concrètes seront misent en avant à lors de l’AG fédérale de 2023.
Pour Villebon, la vente a été actée lors de la dernière AG. L’acheteur est désormais connu et le projet public. Reste que, là encore, les démarches administratives et financières prennent du temps. Du coup, je peux vous annoncer qu’il y aura encore des compétitions à Villebon l’année prochaine. Mais la fédération souhaite aussi continuer à travailler avec les territoires. Ainsi, la coupe de France minimes par équipes de départements se tiendra-t-elle à Ceyrat (Puy-de-Dôme) lors des trois prochaines années.
Pour ce qui est de Judo TV, l’idée est de fournir une prestation équivalente à celle de la FIJ avec un streaming de qualité, une interface épurée, moderne, et facile d’accès, des vidéos-clics rapides où chaque licencié pourra revoir ses combats, etc. Cette nouvelle mouture de Judo TV sera disponible là aussi en fin de saison.
Un dernier mot pour dire que la fédération compte actuellement 453 000 licenciés ce qui est plutôt satisfaisant. La saison dernière, le plan de relance avait permis d’attirer 60 000 nouveaux licenciés avec un taux de transformation (les licenciés du plan de relance qui se sont à nouveau licenciés pour cette saison 2021-2022) supérieur au taux de transformation normal (d’une année sur l’autre).
Le Pass’Sport a été également une opération positive pour le judo français puisque 3902 clubs ont déclaré ce dispositif sur leur compte Asso. Ce qui met le judo dans le trio de tête des fédérations françaises sur ce sujet. Un Pass’Sport qui sera d’ailleurs renouvelé la saison prochaine.