Le RSC Montreuil s’offre l’argent, l’OJ Nice et Poissy le bronze

Lors de cette 2ème édition d’un événement désormais par équipe, l’équipe russe garde son bien au bout d’une finale haletante puisque tout se joua lors de l’ultime combat.
Un dimanche judo en Principauté avec 16 équipes de sept combattants au départ pour un événement de très bon niveau, une dramaturgie que seul le « par équipes » peut produire, de beaux pions, le tout dans ce cadre monégasque si particulier qui plaît tant aux compétiteurs et devant un public qui n’a pas boudé son plaisir.

Le podium de ce 22ème Tournoi international de Monaco, Trophée Gérard Bertrand.

Après le titre en 2014 d’une « dream team » russe avec les esthètes et champions olympiques Arsen Galstyan et Mansur Isaev, accompagnés des jumeaux ingouches et pétris de talent Kasan et Khusen Khalmurzaev le tout emmené par le magicien Ezio Gamba, 2015 allait-il voir l’équipe russe faire le doublé et remporter le trophée Gérard Bertand (le regretté président de la Fédération monégasque décédé au début de l’année) ? Sur le papier, les noms étaient beaucoup moins ronflants, pour ne pas dire inconnus, excepté celui d’Andrey Volkov, 3ème au Grand Prix de Jeju (Corée du Sud) il y a moins d’un mois. Face à eux, quinze équipes : douze françaises, une roumaine, une italienne et une monégasque. Sur le tapis deux récents (doubles) champions de France ou plusieurs médaillés nationaux : Joseph Terhec (INSEP), Ludovic Gobert (SGS), Kamel Mohamedi (INSEP) ou Benoît Collin (équipe du RSC Montreuil). David Larose était présent aussi, alternant les combats avec le champion de France juniors 2014, François Persehais.

Ce fut dur (à défaut d’être extrêmement spectaculaire) mais la Russie a gardé son bien avec la victoire décisive de Volkov contre Cédric Médeuf d’un maitre ura-nage.
Pourtant, après les trois premiers combats de cette finale contre le RSC Montreuil emmené par le vice-champion de France 2014 (-73kg), Jordan Amoros, l’affaire semble d’ores et déjà pliée.
En -60kg, Aram Grigoryan trouvent la faille contre Victor Le Boedec sur un sode-tsuri-komi-goshi lors du golden score. En -66kg, Anzur Ardanov (3ème aux Universiades 2015) place un très opportuniste uchi-mata sukashi à Julien Ottaviani (vice-champion de France 2014). En -73kg, Lechi Ediev trouve la faille contre Amoros sur un o-soto-gari à droite lors d’un combat extrêmement âpre au kumikata. Arrivent donc les -81kg . Une victoire et c’est la gagne pour les Russes. Ce qu’a parfaitement compris Arsen Pshmakhov (2ème à Casablanca). Pendant cinq minutes, le combattant va jouer les pénalités et le contre. Une tactique qui fonctionne puisqu’il marque deux yuko à Benoit Collin. Du moins jusqu’à la dernière seconde du combat.
Réunion des arbitres…et hansokumake pour un 4ème shido. Bondissements sur sa chaise du coach russe devant ce scénario qui retarde un sacre qui s’annonçait avec la force de l’évidence.
Un revirement de situation qui donne un second souffle à Montreuil puisqu’en -90kg, Valentin Jourdan s’appuie sur son spécial, un tai-otoshi en cercle et à raz du sol pour faire voler Aleksandr Grigorev et le clouer au sol pour le 3-2.
Une « arme fatale » que ce combattant formé à Givors, posé, sait sortir aux moments opportuns puisqu’en demi-finale, il scelle la victoire de son équipe contre le jeune et talentueux Aurélien Diesse (INSEP) sur ce mouvement diablement efficace et parfaitement camouflé.
En -100kg, point de combattant russe. Égalité parfaite donc à charge pour les lourds d’envoyer leur équipe sur la plus haute marche du podium. Ce que fera Andrey Volkov.

Volkov projette Médeuf pour la victoire.

L’OJ Nice et le JJJ Poissy sur le podium

Ce fut sans doute LE match le plus excitant de cette journée. Dans l’une des petites finales, l’OJ Nice de Ludovic Delacotte fait monter l’ambiance grâce à la victoire de Thomas Cherchour (champion de France juniors -100kg en 2015) contre Hamza Ouchani (3ème à Rouen en +100kg) sur une action en reprise d’initiative donnée en faveur du Niçois après plusieurs visionnages. Un ippon décisif, qui fera le bonheur des enfants du club niçois actuellement dans la tourmente , venus encourager certains de leurs professeurs/combattants.
Auparavant, Aurélien Diesse, vice-champion de France juniors -81kg et récemment monté de catégories, avait ramené l’équipe coaché par Darcel Yandzi dans la course.
Un judoka qui laisse entrevoir de belles possibilités, lui qui ne sera que juniors 2ème année en 2016. Très tonique et dynamique, ce garçon licencié à l’US Bondy ne calcule pas et tente, re-tente et tente encore. Une grosse envie (de bien faire) qu’il devra sans doute canaliser. Mais aller au charbon, Diesse aime visiblement ça. Avec son o-soto lancé à la volée, il avait été à deux doigts, lors des championnats du monde juniors d’Abou Dhabi, de battre le futur médaillé d’or, le Hollandais De Wit. Un garçon plein d’avenir qu’il va sans doute falloir suivre dans les mois et années à venir.

Aurélien Diesse, jeune espoir des -90kg.

Côté OJ Nice, Robin Corrado, Lucas Otmane et Arnaud Blanc avaient amené les premiers points, de fort belle manière. Ce genre de combats qui fait que les « équipes » excitent tant compétiteurs et spectateurs, faisant grimper en flèche l’adrénaline. Un vrai beau match.

Dans l’autre combat pour le bronze, le club de Poissy de Gilles Jaladon s’impose avec autorité contre l’une des équipes « frissons » de ce tournoi monégasque, l’US Orléans d’Anthony Rodriguez.
C’est Arthur Aspaturian qui offre le point de la victoire en -90kg contre l’un des grands animateurs de la journée, Mewen Ferey Mondésir.
Avec ses compères Corentin Guainot, Kevin Nanor, Jordan Bissoly, Nell Ariano Rebouka et Messie Katanga (du club de Villemomble Sports), ce champion de France en -81kg cadets (2009) et juniors (2011) finit donc 5ème. Mais les Orléanais ont offert un sacré spectacle !
Tête bien faite et bien pleine (il finit sa licence à l’IEP de Paris), Ferey Mondésir, à l’USO depuis 2010 et un temps combattant pour l’Algérie (il a finit 5ème des Jeux Africains début 2015),offrit l’un des ippons du jour contre Aurélien Diesse sur un magnifique sode-tsuri-komi-goshi.

Mewen Ferey-Mondésir projette Aurélien Diesse.

De même son combat contre le -90kg de l’équipe des Alpes-maritimes Romain Labro, en repêchage, condensa les plaisirs : tension, belles techniques (harai-goshi pour le maralpin, o-soto-gari en reprise de garde et kubi-nage en confusion à gauche pour l’Orléanais) et « grosse baston » sans calcul.
Un garçon qui repart de zéro dans sa quête de résultats en haut-niveau lui qui fut un des espoirs de sa génération.
Son copain Jordan Bissoly, lui, fut aussi à l’aise pour mettre l’ambiance lors du dîner du clôture du tournoi dans un de ces très chics hôtels monégasques que pour essayer de trouver la faille dans des phases d’equives/attaques immédiates qui attiraient l’oeil. Ce groupe orléanais, jeune (Romain Buffet était absence pour blessure tout comme Antoine Jeannin), bien dans ses baskets et son judo, sera à suivre lors des France par équipes 2016.

L’équipe orléanaise.