Initiée au début de la saison alors que cette thématique est devenue un enjeu majeur du sport français – avec la commission parlementaire d’enquête par exemple -, la formation fédérale contre toutes les formes de violence fait l’objet d’un certain nombre d’interrogations, voire de critiques. Pour y voir plus clair, nous avons interrogé Sebastien Mansois, directeur technique national à ce propos.
À qui s’adresse cette formation ?
« Elle est obligatoire pour tous les éducateurs (à partir du CQP), les dirigeants – c’est-à-dire les membres des bureaux directeurs de chaque club -, les commissaires sportifs, les arbitres et les futurs professeurs actuellement en formation (du CQP au DESJEPS). Après, tout licencié qui serait intéressé peut également suivre cette formation. À ce jour, mille deux-cents personnes sont déjà certifiées et mille huit-cents sont en cours de formation.»
Quel calendrier pour cette formation ?
« Elle a été lancée à la rentrée 2023 pour les deux premiers modules de formation. Tous les cadres techniques (CTS et CTF) l’ont suivie.
Au niveau du timing, nous souhaiterions que toutes les personnes concernées aient fait cette formation pour la rentrée 2024. Mais attention, l’idée est de ne pas être dogmatique sur le calendrier : un point d’étape serait fait à la fin de cette saison pour savoir où nous en sommes. »
Quel est le contenu de cette formation ?
« C’est une formation en distanciel et immersive. Elle est composée de trois modules :
-éthique et déontologie (vingt à trente minutes)
-lutte contre toutes les formes de violence (entre trois et quatre heures)
-valeurs de la République et laïcité. Ce troisième module sera mis en place à la rentrée 2024.
Pour bien comprendre : vous pouvez faire cette formation au rythme qui vous convient, de chez vous. Vous y retrouverez des cas pratiques ou de témoignages.
Il faut savoir que le Code du sport oblige chaque fédération à mettre en place des outils contre les violences. Par cette formation, nous nous conformons aux règles étatiques, même si je pense qu’il faut avoir une vision plus large. En effet, les révélations de ces dernières années ou la mise en place de la commission d’enquête parlementaire montre que ce sujet est devenu sociétal. Dans cette perspective, la FFJudo s’est voulue précurseure dans ce domaine, sachant que le judo n’était pas épargné par ce phénomène. D’ailleurs, Fabienne Bourdais, directrice des Sports du ministère qui intervient au début de cette formation en distanciel, félicite France Judo pour la qualité de sa formation, qui pourrait bien inspirer d’autres fédérations. Selon moi, cette question des violences n’est pas un sujet politique mais régalien. Et s’il peut y avoir des réticences, je dis la chose suivante : si grâce à cette formation les acteurs peuvent identifier et éviter un cas de violence, le temps consacré à celle-ci n’aura pas été inutile. »
Combien cela coûte-t-il ?
« Elle coûte 160€ pour les personnes financées et 80€ pour les personnes non-financées. J’ai bien conscience que c’est l’un des principaux points de questionnement voire de critiques. Je vais vous dire ici ce que je répète aux personnes qui m’interrogent lors des assises ou assemblées générales : cette formation doit être financée pour toutes les personnes qui ont obligation de la suivre. Comment faire et dans quel cas ?
-Tous les éducateurs salariés pourront voir pris en charge l’intégralité du coût de la formation via l’AFDAS*. Si vous avez des difficultés dans les démarches, les cadres techniques fédéraux et/ou les responsables administratif et financier (RAF) de chaque ligue seront là pour vous aider.
-les membres des bureaux directeurs d’un club qui a un ou plusieurs salariés peuvent également voir cette formation financée par l’AFDAS.
-si la personne concernée ne se trouve pas les deux cas ci-dessus (exemple : un professeur bénévole), vous pouvez financer cette formation via les projets sportifs territoriaux (PST) lors de la campagne de subvention annuelle lancée par l’Agence nationale du sport (ANS).
Il existe un projet spécifique sur la lutte contre les violences. 50.000€ sont mis sur ces PST dans chaque territoire.»
* opérateur de compétence qui gère le secteur du sport