Avec Marine Erb en +78 kg, le -81 kg de Nice Pape N’Diaye est la découverte 2014

Julie Pierret, la fille qui monte en -78 kg / Photo Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo

Après une journée de samedi qui a consacré, entre autres, une grande catégorie masculine des -60 kg, dans laquelle le champion du monde juniors Vincent Manquest (3e) a été battu par un excellent Cédric Revol, et qui a couronné un champion dont on sent qu’il a la carrure internationale, Walide Khyar, la journée de dimanche, globalement très engagée, a été particulièrement impressionnante en -81 kg chez les garçons, et en +78 kg chez les féminines. Pape N’Diaye Doudou, déjà 5e en seniors en 2013, a survolé une opposition pourtant solide. Quant à Marine Erb, son passage en +78 kg est une évidence dans une catégorie qui se renouvelle. Elle se prépare clairement à un rôle d’outsider chez les seniors.

En +100kg : Sanal – Katanga l’année dernière, Katanga – Sanal cette année, mais Messie Katanga sans combattre, car le Niçois Emre Sanal, champion en titre, s’étant blessé aux côtes en début de journée, a finalement décidé de ne pas compromettre sa sélection pour St Petersbourg dans trois semaines contre le seul adversaire du jour à sa taille, le combattant de Flam 91 (qui place aussi Brahim El Yakoubi sur la boîte) Messie Katanga, médaillé mondial cadet 2013 et confortable vainqueur de tous ses adversaires successifs. Une découverte : Guerman Andreev (3e), un tout jeune combattant vice-champion de France cadet 2013, dont les 112 kg sont particulièrement toniques. Un lourd prometteur au judo déjà intéressant.

En -100 kg : Joseph Terhec l’emporte en finale sur le solide parisien Hadrien Livolsi en lui mettant, entre autres, un o-goshi d’école. Champion de France cadet UNSS 2011 en -81 kg (devant Thomas Cherchour), vice champion de France junior en -90 kg l’année dernière (derrière Cherchour cette fois), ce junior 2e année – comme d’ailleurs l’ensemble du podium – a marqué les esprits dans cette nouvelle catégorie des -100 kg avec une très grosse journée. Il aura mis tout le monde sous l’éteignoir avec notamment un travail au sol diaboliquement efficace. En place de 3e on retrouve Kamel Dahmani (Cannes Ranguin), auteur de l’un des plus beaux uchi-mata en cercle du championnat. En bronze aussi Juliano Snadli, un tout jeune représentant de l’équipe AC Boulogne, qui domine pour la place de trois le désormais « Génovefain » champion de France cadet 2013 Yves-Loic Benankazi.

En -90 kg : C’est en demi-finale que Loic Segura, troisième l’année dernière, dominait le champion de France Thomas Cherchour dans un combat tactique qui basculait au golden score avec un corps-à-corps indécis sur lequel Segura était le plus prompt et immobilisait en hon-gesa-gatame le champion de France 2013. Cherchour allait chercher le bronze contre Alex Olarte en le projetant pour waza-ari sur un mouvement de hanche. Dans l’autre place de trois, Josué Artigny remportait son combat contre Cédric Olivar sur un « gros » ura-nage. Mais le champion c’est Akim Djouada du JCO 59 Roubaix. Un combattant immense en taille et très longiligne qui a su parfaitement exploiter ses atouts d’alllonge.

En -81kg : Dans une catégorie très dense, le Niçois Pape Ndiaye Doudou, a fait parler la poudre. Remarqué en premier partie de journée pour un énorme balayage, il bat le champion de France en titre Jordan Bissoly sur un o-soto-gari à la reprise supersonique compté yuko. En finale il bat Khalatian sur un mouvement à la “Zantaraya” : un grand koshi-guruma propre et sans bavure. De son côté Khalatian avait réglé Alliche en demi-finale sur un énorme ura-nage. Su la 3e marche du podium on retrouve Alliche qui bat l’élégant Lazaar El Makki lequel avait brillamment remonté les repêchages. Dans l’autre place de 3ème, Pierre battait brillamment Perrot sur un ippon-seoi nage à droite suivi au sol en sankaku jime. « Il a longtemps manqué de confiance parce que cela ne se passait pas exactement comme il le voulait » explique Michel Carrière, mais aussi Fabrice Ruimy, qui suit depuis quelques années ce combattant de l’école Roland Devienne dans le 77. « Après sa cinquième place des championnats de France seniors l’année dernière [battu seulement par Riou et Tobrouki, NDLR], il a commencé à croire en lui et à plus se lâcher sur les tournois. On commence vraiment à découvrir son potentiel« . Cerise sur le gâteau, mais ce n’est pas anodin, Pape Ndiaye a une tenue parfaite sur le tapis. Et il est engagé dans des études de médecine. Un combattant que nous allons apprécier de suivre !

Les -81 kg, dominé par l’exceptionnel Pape N’Diyae Doudou / Photo Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo

Chez les féminines…
En -63 kg : grosse sensation avec la victoire de la technicienne laurentine…et toujours cadette Clémence Emé. La fille en or du Tournoi de France cadet 2014 l’emporte en finale de deux waza-ari bien nets sur Coralie Mary du Sporting Marnaval, 3e l’année dernière et qui avait dominée aux pénalités la championne de France de l’année dernière Ella Abdelmoumeni (5e), d’Argenteuil. En demi-finale, Clémence Emé avait de son côté dominé de peu Gwenaelle Viard de Sainte-Geneviève, finaliste 2013.
En -70kg : C’est le même podium que l’année dernière qui est reconduit, à l’exception de la championne en titre et championne du monde cadette 2013, Marie-Eve Gahié, absente. Laquelle est « remplacée » sur la boîte par la Nantaise Pauline Dutertre, 5e de ce championnat en 2011. On attendait un peu la montée en puissance de la jeune Stessie Bastareaud, 3e en 2012 et en 2013, mais alors qu’elle menait en finale contre Melissa Heleine (ADJ 21), elle se faisait piquer au sol sur une tentative d’ura-nage que la bourguignonne avait bien senti venir. 3e en en 2012, finaliste l’année dernière, la combattante de Pessac passé à l’Alliance Dijonaise sous la responsabilité de Tony Rodriguez aura finalement coiffé cette génération avec sa bonne posture bien droite et sa belle stabilité.
En -78kg : Il ya deux ans c’était Madeleine Malonga devant Marine Erb, l’année dernière c’était Samah Hawa Camara devant Marine Erb. En cette année 2014, la catégorie a donc bougé. C’est Julie Pierret, 5e l’année dernière dans la catégorie inférieure, mais devenue entre temps médaillée national en seniors dans cette catégorie, qui règle la question avec une autorité impressionnante devant la vice championne du monde cadette 2013 Morgane Duchêne (3e), Mathilde Gil (3e), déjà à cette place l’année dernière, et la finaliste de Franche-Comté Valentine Marchand.
En + 78kg : La catégorie était stable ces années dernières avec la victoire de Roudelie Caroly en 2011 et 2013, et la montée en puissance de la cadette Moana Stewart, finaliste 2013. Mais cette fois ces deux combattantes étaient arrêtées avant le podium – notamment par le grand gabarit de la jeune corse Julia Tolofua (3e), une cadette qui dominait l’une etl’autre en tableau et en repêchage – et c’est Marine Erb qui crevait l’écran. Très efficace debout, terrible au sol avec des enchaînement systématiques très efficaces, Marine Erb a manifestement d’autres chats à fouetter que le championnat de France junior et n’hésite pas à le dire : « En combattant ici, c’est à l’avenir que je pense, au rendez-vous de dans deux ans. Je veux en être et je serai très déçu de ne pas y parvenir« . Vous avez bien compris, Marine Erb vise les Jeux olympiques de Rio et elle le dit. Une aspiration qui n’a rien d’usurpé, la jeune femme a notamment battu Ketty Mathé au rendez-vous d’Arlon. Entraîneur de club très satisfaite de sa nouvelle protégée, qu’elle a encouragé à renoncer aux régimes et à monter en +78 kg, Barbara Harel la décrit comme « volontaire et intelligente, rapide à s’emparer des informations, avec un caractère fort. Elle peut aller très loin, mais il faut d’abord qu’elle profite bien de son année junior avant de s’engager dans les tournois seniors« . On a hâte de voir ce que cela va donner à l’international, en junior comme en senior.

Marine Erb dans ses oeuvres en ne-waza. Ça déménage ! / Photo Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo