Elle est le bonsai qui aura caché la petite forêt de bambou. Championne d’Europe attendue, Pauline Cuq prend la lumière ce mardi avec le titre en -44kg, pour ce qui restera – et c’est une déception – la seule médaille tricolore du jour. Un mardi marqué par la démonstration azerbaidjanaise et ses trois titres pour six médailles !
Qu’elle fasse résonner la Marseillaise à Riga n’aura pas tellement étonné ceux qui suivent Pauline Cuq depuis quelques années. Médaillée de bronze européenne et mondiale -40kg en 2019, doublement victorieuse du Tournoi de France (2019 et 2020), la Niortaise, future élève de Sciences Po Paris en septembre, restait sur deux victoires lors des tournois sélectifs en Croatie et République tchèque. Fidèle à son judo, Cuq perfore totalement la Turque Sarikaya et la Suédoise Babulfath grâce à son morote-seoi-nage inversé en demi et en finale. Un spécial qu’elle sait garder au chaud pour surprendre, elle qui attaque généralement en morote-seoi-nage classique ou en ko-uchi-makikomi. Sereine (même si elle se fait contrer sur son premier combat pour waza-ari), se sachant attendue, Pauline Cuq n’aura pourtant pas tremblé.
La voilà donc titrée au niveau continental, pour sa dernière compétition dans cette catégorie d’âge (il n’y aura très probablement pas de championnats du monde cette année). Un succès logique donc pour la judokate du DAN 79 qui n’a plus perdu à l’international depuis son quart de finale des Monde 2019. Une vraie maturité au service d’un judo qui fait beaucoup tomber mais sait, quand il le faut, jouer le coup tactique. L’année prochaine, ce sera les juniors et les -48kg. Une judokate à suivre dans les années futures.
Et pour le reste ? Une cinquième place pour Imane Lima (-40kg). Dans une catégorie à seulement sept combattantes, la judokate de l’AS Chelles, cadette première année, s’incline pour le bronze sur un juji-gatame.
Vainqueur à Porec et deuxième à Teplice, Quentin Marteau (Blois Judo) prend un hansokumake direct face à l’Azerbaidjanais Mirzayev, synonyme d’élimination de la compétition, sur un sode-tsuri-komi-goshi.
Une sanction qui remet au premier plan le fait que les sode-tsuri-komi-goshi, en particulier à une main (à la manière d’un Soichi Hashimoto) deviennent l’action, quasi-unique d’ailleurs, sur laquelle des hansokumake directs sont donnés sur le circuit international depuis plusieurs mois. Qu’on repense à Hashimoto lui-même (contre An Changrim au Masters), Manuel Lombardo (contre Orkhan Safarov aux Europe 2020), etc.
C’est une leçon de l’arbitrage actuel : ce mouvement est particulièrement scruté de près par les superviseurs derrière leurs écrans. La balance coût/bénéfice d’un mouvement désormais parfaitement identifié comme étant une potentielle source de disqualification pourrait bien se poser.
Quoiqu’il en soit le Français se voit refuser l’accès au tapis pour le combat de repêchage.
Pour les autres Tricolores engagées, on retiendra la défaite litigieuse d’Alyssia Poulange (-48kg, SO2J) face à l’Azerbaïdjanaise Valiyeva (qui terminera en or) sur un troisième shido pour sortie de tapis extrêmement sévère et celle prématurée d’Ayyan Boulemtafes (-55kg, SO Givors), vainqueur à Teplice, battu par l’Ukrainien Viskov au sol dès son premier combat.
Au final, la France ne glane qu’une seule médaille ce mardi alors que sept des huit engagés du jour avaient été médaillés au moins une fois sur les deux tournois sélectifs. Une déception comptable, mais pas sur l’état d’esprit pour Lilian Barreyre, entraîneur national : « beaucoup des combattants ont été plus engagés et plus intéressants qu’à Porec. Leur attitude a été très bonne. Ils ont progressé là-dessus. Maintenant ça se joue, mais on le sait, à des détails souvent tactiques. On n’a pas été très vernis ce mardi (cf Marteau et Poulange). Côté positif, Pauline Cuq a été brillante malgré la pression de ses deux victoires en tournoi. Chapeau à elle.»
Un mardi où l’Azerbaidjan frappe un grand coup avec trois titres (sur cinq possibles) en -50kg, -55kg et -48kg, une médaille d’argent en -60kg (c’est l’Israélien Veksler qui s’impose) et deux médailles de bronze (-50kg et -60kg). La Russie suit avec un titre (-40kg, Iakovenko) et deux médailles d’argent en -50kg et -55kg pour donc deux finales russo-azerbaidjanaises perdues par les premiers. La France pointe pour l’instant à la quatrième place, derrière Israël (une or, une bronze).