Shohei Ono, Uta Abe, Miku Tashiro et Sarah Asahina battus !

Depuis la dernière olympiade, son importance dans la sélection pour les compétitions d’été (championnats du monde ou Jeux olympiques) a été pondérée, notamment par les résultats obtenus lors des championnats du monde précédents ainsi que lors des grands tournois internationaux de la saison. Un exemple ? La « DTN » japonaise a innové il y a quelques mois en décidant qu’un titre de champion du monde suivi par une victoire au Grand Chelem de Tokyo donnait d’ores et déjà  un ticket de titulaire aux championnats du monde prochains. Voilà pourquoi Naohisa Takato et Hifumi Abe, les deux seuls à remplir ces critères, ne participaient pas à ces championnats du Japon, organisés comme de coutume le premier week-end d’avril à Fukuoka. Pour les autres prétendants à une sélection pour les championnats du monde organisés à Bakou (Azerbaïdjan) fin septembre, présence obligatoire ! Enfin? presque…(voir plus bas).Une compétition à la densité folle et lors de laquelle les surprises ont été nombreuses. L’Esprit du Judo vous les détaille.

Masculins

-60kg : Yuma Oshima
En l’absence du petit lutin malin de Tokai (et maintenant judoka de l’entreprise Park 24) Naohisa Takato, Ryuju Nagayama était le favori de la compétition. Vainqueur du Masters et de Düsseldorf, le champion du monde junior 2015 se fait pourtant surprendre dès le 1er tour par Katsuma Yonemura sur un seoi-nage. Son bourreau ira jusqu’en finale où s’incline face à Yuma Oshima.

-66kg : Joshiro Maruyama
Double finaliste à Tokyo (battu par Hifumi Abe) et à Paris (battu par le Coréen An Baul), Joshiro Maruyama, formé à Tenri et désormais judoka de la team Miki House (avec Takamasa Anai, entraîneur en chef de Tenri sur la chaise pour le coacher), s’impose en finale à Kenzo Tagawa, vainqueur à Düsseldorf sur un joli tomoe-nage.

-73kg : Soichi Hashimoto
Un plateau qui laisse rêveur puisqu’étaient présents Soichi Hashimoto, champion du monde en titre, vainqueur du Masters et quasiment imbattable depuis mi-avril 2016 (sa seule défaite depuis a eu lieu à Tokyo en décembre dernier contre son compatriote Arata Tatsukawa), Shohei Ono, le génie de Tenri, revenu aux affaires en Allemagne fin février, prouvant qu’il était toujours aussi au-dessus du lot et Masashi Ebinuma, triple champion du monde et double médaillé olympique en -66kg et monté de catégorie depuis l’année dernière. Forcément, deux de ces trois allaient se retrouver en demi-finale : ça sera Ebinuma/Ono. Deux amis, passés par la terrible école privée de Kodo Gakusha. Et c’est finalement le premier qui l’emporte sur deux uchi-mata à gauche face à un Ono semblant étonnamment passif. En finale, Hashimoto place un koshi-guruma et s’offre du coup une place de titulaire pour Bakou.

-81kg : Takeshi Sasaki
En l’absence de Takanori Nagase, blessé lors des championnats du monde 2017,  le Japon s’est trouvé un nouveau -81kg de top niveau mondial en la personne de Sotaro Fujiwara, 19 ans (il est junior 3année), vainqueur des Grands Chelems de Paris et Ekaterinburg. Une double victoire qui assurait déjà la titularisation à ce combattant au tai-otoshi très pur pour les championnats du monde. Il finit deuxième, battu en finale par Takeshi Sasaki. Une défaite sans conséquence.

-90kg : Kenta Nagasawa
Là aussi, il y avait de quoi rester dubitatif devant la densité de la catégorie entre Mashu Baker, champion olympique et 2à Düsseldorf pour son premier tournoi depuis Rio, Kenta Nagasawa, ancien capitaine de Tokai, vainqueur à Tokyo et 5à Paris et Soichiro Mukai, 3à Tokyo et superbe vainqueur à Paris avec son morote-seoi-nage. Comme en -73kg, une victoire dimanche dernier valait titularisation pour Bakou ! Et c’est Nagasawa qui empoche la mise, battant en finale son « kohai » (cadet), Baker, sur uchi-mata.

-100kg : Daiki Nishiyama
Sur le papier, la catégorie la plus faible du plateau masculin puisque le champion du monde en titre, Aaron Wolf, n’était pas inscrit (il s’est fait opéré en début d’année), tout comme Ryunosuke Haga, médaillé de bronze à Rio, lui aussi opéré de l’épaule après Düsseldorf. Epoustouflant en début de saison dernière (3à Tokyo en 2016, vainqueur à Paris en 2017), le prodige Kentaro Iida, 19 ans (lui aussi est encore junior), marque clairement le pas depuis. Une victoire aurait pu en faire un titulaire potentiel pour les championnats du monde. Mais l’étudiant de Kokushikan perd dès le 1er tour, battu sur un o-uchi gaeshi. Du coup on retrouvait en finale Daiki Nishiyama (278mondial !, non classé à Tokyo) et Yusuke Kumashiro (non classé à la ranking list !). Victoire du premier. Mais c’est Aaron Wolf, pourtant absent à Fukuoka, qui ira défendre son titre à Bakou !

+100kg : Yusei Ogawa
C’est peut-être la catégorie où le résultat de ce week-end comptait le moins puisque la tradition veut qu’au Japon, le nom du titulaire des lourds soit donné immédiatement après le Zen Nihon, qui fait office de compétition de référence (plus que ce championnat national). Présent dimanche dernier, tous les meilleurs lourds étaient présents : Takeshi Ojitani et Hisayoshi Harasawa, les deux médaillés d’argent de Düsseldorf, Yusei Ogawa, le vainqueur de Tokyo mais battu rapidement à Paris et Kokora Kageura, vainqueur du GC parisien.
Un tableau qui se joue aux pénalités : en demi-finale Ogawa bat Ojitani par trois shidos; même scénario entre Harasawa et Kageura, le premier l’emportant aussi aux pénalités…mais s’inclinant en finale face au fils du quadruple champion du monde, Naoya Ogawa, sur trois shidos.

Féminines

-48kg : Tamami Yamazaki
Une victoire lors de ce All Japan Championships aurait fait une différence décisive entre les deux prétendantes de la catégorie, Funa Tonaki, championne du monde en titre, vainqueur du Masters et 5à Paris et Ami Kondo, médaillée de bronze à Rio, à Budapest en 2017 et vainqueur du Grand Chelem de Tokyo. Elles finissent finalement toutes les deux en bronze, Tonaki perdant contre Tamami Yamazaki sur un ko-soto-gari alors que Kondo s’inclinait aux pénalités faceà  Hiromi Endo. Sans doute le titre mondial a-t-il joué puisque lors de l’annonce des sélections (non définitives), c’est Tonaki qui a été choisie.

-52kg : Natsumi Tsunoda
C’est l’une des grosses surprises du jour : la défaite d’Uta Abe, le nouveau diamant du judo féminin nippon. 17 ans (elle est junior 1re année), vainqueur des championnats du monde juniors 2017, des Grands Chelems de Tokyo et Paris, elle est invaincue sur le circuit international senior depuis décembre 2016 (et une finale perdue à Tokyo). De tels résultats pouvaient laisser croire que la sélection était déjà pour la petite soeur de Hifumi. Et bien pas du tout. En demi-finale, Abe se fait surprendre par le tomoe-nage de Tsunoda qui mettra le même ma-sutemi-waza à  Ai Shishime en finale. Du coup c’est cette dernière, championne du monde en titre, 3à Tokyo et vainqueur à Düsseldorf qui sera du voyage en Azerbaïdjan.

-57kg : Momo Tamaoki
Même si elle perd en demi-finale face à  Haruka Funakubo (aux pénalités), Tsukasa Yoshida, vice-championne du monde, vainqueur à Tokyo puis 2au Masters et à Paris n’avait sans doute pas trop d’inquiétudes à se faire quant à sa participation aux championnats du monde 2018. Hypothèse confirmée puisqu’elle sera titulaire de la catégorie. A garder en tête, le nom de Funakubo, double championne du monde junior (2015 et 2017), la combattante de Mitsui Sumitomo est encore junior et a remporté l’Open de Rome cette année.

-63kg : Aimi Nouchi
Là encore une grosse surprise avec la défaite dès son premier combat de Miku Tashiro, 1re à Tokyo et au Masters et 2à Paris. Elle est battue par Chika Kudo. Rien de dramatique toutefois puisque ces résultats internationaux (st sans doute aussi le fait qu’elle ait battu Clarisse Agbegnenou lors du Masters) lui assuraient presque sa titularisation. Mais attention dans les mois qui arrivent car cela pousse déjà fort derrière avec en particulier Nami Nabekura (21 ans, 2à Tokyo et au Masters, 5à Paris). Victoire d’Aimi Nouchi en finale contre la championne du monde junior 2017, Honora Araki.

-70kg : Yoko Ono
Elles étaient deux à pouvoir prétendre au (premier ?) ticket de la catégorie pour Bakou. D’un côté Chizuru Arai, championne du monde en titre, 2à Tokyo et à Paris. De l’autre Yoko Ono, vainqueur à Tokyo et à Düsseldorf. Une judokate de 28 ans, qui se révèle sur le tard (elle a 28 ans) mais qui, avec sa victoire de samedi contre Chizuru Arai en finale s’offre une place de titulaire pour les Monde après une saison où elle est tout simplemement invaincue !

-78kg : Rika Takayama
Qui serait donc la concurrente japonaise d’Audrey Tcheuméo et Madeleine Malonga ? Si c’est Rika Takayama qui l’emporte, le staff féminin de Katsuyuki Masuchi a choisi d’envoyer Shori Hamada en Asie centrale. Vainqueur à Tokyo (où elle avait battu Tcheuméo), elle finit 3à Paris après que la Française ait joliment pris sa revanche).

+78kg : Akira Sone
Comme chez les lourds masculins, la sélection dans cette catégorie sera annoncée immédiatement  après la « Coupe de l’Impératrice » (Kogo Hai en japonais), le 22 avril. Du coup, ces championnats du Japon avaient valeur de répétition générale pour une catégorie dont la grande favorite se nommait Sarah Asahina. Surprise, puisque cette dernière, vice-championne du monde 2017, vainqueur lors du championnats du monde toutes catégories, de Tokyo et de Düsseldorf se fait battre en finale par la précoce et talentueuse Akira Sone (junior 1re année), championne du monde juniors 2017, 2à Tokyo et 3à Paris, en finale.

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