31 août 2013 – Rio de Janeiro (Brésil)
+78kg F et -100kg, +100kg M

Riner écœure la concurrence : 6e titre mondial

On peut imaginer que dans un futur proche, Teddy Riner n’aura plus assez de doigts pour faire la belle image devant les photographes. Pour l’instant c’est encore facile, il est rendu à son sixième titre mondial d’affilée – ce qui est un record (chez les hommes car la Japonaise Tamura-Tani en a gagné sept avec deux ans d’écart à chaque fois, plus deux titres olympiques). Même si ce cette série n’est pas comparable avec ce qui s’est fait par le passé, avec des championnats du monde chaque année et des toutes catégories surnuméraires, Teddy Riner s’empare de (presque) tous les titres mondiaux depuis 2007, six ans déjà, ce qui est une belle référence.
On ne peut pas vraiment dire qu’il y a eu du suspens pour sa sixième levée, le meilleur poids lourds de la planète a juste été impeccable, projetant tous ses adversaires par ippon sauf le premier, par manque de temps, il avait été disqualifié avant. C’est peu dire qu’il a une nouvelle fois broyé la concurrence. Il est le plus fort et les autres lourds n’aiment pas ça. Ils n’aiment surtout pas le constater à leurs dépends. Alors ils s’éclipsent sur la pointe des pieds pendant le combat, où même avant, en se faisant sortir, comme le Japonais Shichinohe (par le Brésilien Silva) ou Alexander Mikhaylin, le plus cabochard de tous, dont on sent qu’il aimerait bien, mais qu’il ne peut pas. Finalement cinquième à la fin de la journée, le Russe devra penser à changer de tactique. Sa bagarre sur les mains, opiniâtre, mais ennuyeuse à suivre et trop lente, lui vaut d’être systématiquement plus pénalisé que ses adversaires. Cinquième, battu par le Géorgien Okroashvili et, pour le bronze, par l’Allemand Toelzer (encore plus ennuyeux que lui, mais pénalisé une fois de moins), il a sans doute perdu à Rio l’illusion d’être celui qui allait bientôt battre Riner.
Teddy Riner a pris ceux qui venaient : Un Tadjik au nom imprononçable (son prénom, déjà, c’est Mukhamadmurod), un jeune Biélorusse, puis le Cubain Oscar Brayson, puis le Géorgien Okroashvili, et enfin le Brésilien Silva en finale. À chaque fois, ils sont montés sur le tapis la tête basse et il les a jeté au sol comme des sacs, sur des uchi-mata à peine finis et de très lourds o-soto-gari. Une supériorité aussi énorme en est presque gênante, au point que le Français, bon gars, s’excusait d’avoir battu le Brésilien chez lui. « Si j’avais été devant ma télévision, j’aurais été pour lui ». Etre tellement fort qu’il faille un peu s’en faire pardonner, c’est le destin de Teddy Riner.
Encore une fois, aucun prétendant ne s’est présenté. Demain Toelzer et peut-être Mikhaylin vont lâcher le kimono. On pensait au Géorgien, au Japonais, peut-être au colossal Silva dans le rôle, mais ils n’ont pas bougé un cil. Dans ces conditions, Riner peut dormir tranquille pendant encore une olympiade ou deux. Chez les lourds à vrai dire, hors de la prestation du champion français, un seul combattant est sorti du lot : l’étonnant Tunisien Jaballah, qui surgit des repêchages pour s’emparer du bronze en plaquant sur le dos le Japonais Shichinohe et le champion d’Europe géorgien Okroashvili ! C’est déjà lui qui avait eu l’heureuse outrecuidance de porter la seule attaque dangereuse subie par Teddy Riner aux Jeux de Londres. Décidément, ce Jaballah, 25 ans, est un judoka à suivre.

Des occasions gâchées
Si l’or de Riner était prévu, le clan français espérait bien aujourd’hui une euphorie à la façon de jeudi, et comptait sur les sérieux outsiders du jour pour faire monter une belle mayonnaise tricolore. Avec ses beaux résultats en tournoi, Cyrille Maret en -100 kg faisait même un potentiel « Pietri bis » crédible. Mais s’il était rigoureux et engagé, il était aussi un ton en dessous dans ses attaques, pas tout à fait assez présent, assez fort et volontaire pour échapper à la surprise ouzbek Soyib Kourbanov. Et en repêchages, il tombait sur le Japonais Ono, qu’il avait su battre à Dusseldorf, mais qui parvenait cette fois à marquer. Takeshi Ono, ancien -81 kg médaillé mondial, puis médaillé mondial en -90 kg, passe finalement à côté de sa légende personnelle en chutant pour le bronze face au terrible Tchèque Krpalek. En finale, le Néerlandais Grol, n°1 mondial, qui avait renversé le combat contre le Tchèque dans les dernières secondes, s’enferrait sur le n°2, le « pieu » azéri Mammadov, un combattant d’une étonnante puissance dans ses attaques. Grol le maudit perd sa troisième finale mondiale (et deux demi-finales olympiques), Mammadov pleurait joliment son premier titre.
Pour ajouter à l’escarcelle française, tout le monde était tourné vers la volontaire Emilie Andéol, qui avait mérité le droit depuis un an d’être considérée comme l’une des favorites, et bénéficiait d’un bon tirage dans une catégorie inhabituellement faible, en l’absence d’une Chinoise, mais aussi d’une Russe et d’une Allemande à la hauteur de la tradition. Mais elle ratait un premier coche en demi-finale en cédant d’une pénalité récoltée en début de combat devant la Brésilienne Altheman (qu’elle avait pourtant battue en tournoi) et se faisait prendre dans une attaque assez molle de la Coréenne Lee Jung Eun, 11e mondiale, championne d’Asie tout de même, mais logiquement à la portée d’une 6e mondiale – le classement de la Française. Dommage. La Corée est satisfaite d’emporter sa première médaille féminine depuis 2009, sa troisième en dix ans, mais Andeol, très déçue, avait bien conscience d’avoir laissé échapper une occasion en or de gagner l’argent ou le bronze.

La France, deuxième hélas
Voilà. C’est fini, comme dit la chanson. En tout cas pour ce qui concerne les championnats du monde individuels. Le Japon, subit aujourd’hui l’humiliation de son poids lourds, la défaite honorable, mais sans médaille, de son -100 kg et ajoute une dernière médaille féminine, mais en bronze. Comme les autres, Megumi Tachimoto, pourtant favorite, a été en dessous de son niveau habituel… et les féminines japonaises se retrouvent neuvième au classement des nations. Mais fort de ses trois victoires masculines des trois premiers jours, le Japon garde le leadership des nations.
La France termine a une très belle deuxième place, avec un champion du monde tout neuf, devant Cuba et ses deux médailles d’or (hier Asley Gonzales, aujourd’hui Idalys Ortiz qui emporte le titre mondial +78 kg après les Jeux de Londres, à 23 ans), qui coiffe le Brésil et ses trois finales perdues pour une seule gagnée. Il aurait fallu au Brésil faire deux médailles d’or aujourd’hui, elles sont en argent. Il aurait fallu à la France convertir l’une de ses médailles d’argent – Clarisse Agbegnenou (-63 kg) ou Ugo Legrand (-73 kg) – pour être à la hauteur du Japon. Il aurait fallu que l’équipe de France féminine soit un peu plus performante (la France est huitième nation seulement chez les féminines !) pour espérer finir devant les autres. Avec quelques si, on mettait Rio en bouteille.

 

DIRECT – Revivez la 6eme journée

23h15. +100kg, Riner écoeure la concurrence et fête son 6e titre mondial
Ce doit être terrible pour ses adversaires : Il est tellement au-dessus, très loin au-dessus des autres que tout le monde se demande combien de secondes ils vont tenir. Parce qu’on ne voit pas qui peut venir déstabiliser ce combattant là. Alors, Rafael Silva, acclamé devant son public, a payé la note à son tour : o-soto-gari après deux minutes de combat pour waza-ari enchaîné au sol sur un hon-gesa-gatame de ceinture jaune. Ippon. Il y a lui et les autres. Formidable.

`22h40. +78kg, Ortiz en or
La n°1 mondiale Atheman face à la rayonnante championne olympique cubaine Odalys Ortiz : une belle affiche pour cette finale qui n’allait pas décevoir. Surtout la Cubaine, supérieure dans l’impact, qui plaçait un de-ashi-barai suivi au sol pour le compte. Ippon. La belle Odalys Ortiz a réussi le double titre olympique-titre mondial. La classe.

22h40. +78kg, Andéol 5e
Battue au Master de Tyumen par cette Coréenne Jung-Eun Lee, championne d’Asie quelques semaines plus tôt, Emilie Andéol n’a pas pu peser sur ce combat : un ippon-ko-uchi-gari pour yuko avant de se faire étrangler quelques secondes plus tard. Dommage.

22h25. -100kg, Mammadov premier champion du monde azéri
Double médaillé olympique et surtout déjà deux fois finaliste malheureux aux championnats du monde, le glaçant Néerlandais Henk Grol, auteur d’un contre superbe sur le Tchèque Krpalek en demie, la voulait cette finale. Mais l’expérimenté Azéri Mammadov, médaillé mondial en -90kg en 2010, a fait une journée d’enfer. C’est lui qui prenait l’avantage en déroulant le Batave pour waza-ari dans un combat où les deux adversaires étaient emboîtés au possible. Vainqueur de Mammadli aux Europe en mai, battu par lui au Master, voici Henk Grol qui perd une 3e finale mondiale. L’Azerbaïdjan fête ce soir le premier champion du monde de son histoire.

21h55. Les finales du jour
+78kg : Maria Suelen Altheman (BRA) – Idalys Ortiz (CUB)
-100kg : Henk Grol (NED) – Elkhan Mammadov (AZE)
+100kg : Teddy Riner (FRA) – Rafael Silva (BRA)

21h50. +100kg. Riner met une boîte magistrale à Okruashvili
Le Géorgien est l’un de ses plus sérieux adversaires… et pourtant. Il n’aura tenu que 57 secondes. Teddy Riner a cherché à prendre la manche et, dès qu’il l’a eue, l’attaque en uchi-mata a fusé. Ippon. Un Okruashvili tout ébaudi et une nouvelle démonstration du quintuple champion du monde. Le Français sera opposé au Brésilien Silva, vainqueur aux pénalités du tank allemand Andreas Toelzer dans un combat nettement moins aérien.

21h40. +78kg, demi-finale, Andéol s’incline
Sanctionnée assez vite dans le combat qui l’opposait à la Brésilienne Sarah Altheman, une combattante en forme qui a remprté plusieurs tournois depuis le début de l’année, Emilie Andéol a tenté de rentrer son sode, failli se faire contrer en ura-nage, remis le couvert avec une grosse bagarre. Mais ça n’a tout simplement pas suffi. Le bronze est maintenant là tout près. Il faut y croire pour Emilie Andéol.

21h10. -100kg, repêchages, Maret s’arrête là
Triste journée pour le moins de cent kilos français auteur d’une très bonne saison, ponctuée de médailles à Paris et aux championnats d’Europe. Mais il lui manquait quelque chose aujourd’hui. En pesant sur le Japonais Takashi Ono, double médaillé mondial (mais en 2005 en -81kg et en 2011 en -90kg) mais souvent contre performant lors des grands rendez-vous, il parvenait à le faire pénaliser, jusqu’à ce grand mouvement de hanche d’Ono compté yuko après analyse vidéo. Sanctionné une 3e fois, Ono et ses 33 ans, maintenait pourtant l’avantage jusqu’au bout. Triste journée pour Cyrille Maret.

17h55. Le programme des demi-finales
Masculins -100kg
Soyib Kurbanov (UZB) – Elkhan Mammadov (AZE)
Henk Grol (NED) – Lukas Krpalek (RTC)

Masculins +100kg
Rafael Silva (BRA) – Andreas Toelzer (GER)
Teddy Riner (FRA) – Adam Okruashvili (GEO)

Féminines +78kg
Maria Suelen Altheman (BRA) – Emilie Andéol (FRA)
Idalys Ortiz (CUB) – Megumi Tachimoto (JPN)

17h50. -100kg, 1/4 finale, Maret passe à côté
L’Ouzbèque Kurbanov débarque un peu de nulle part. On l’avait vu en févrir à Paris (7e), alors que Cyrille Maret montait sur le podium… Aujourd’hui, le combat a été à sens unique : waza-ari sur un grand et lent harai-goshi, yuko dans la minute suivante avant un dernier waza-ari en ko-soto sur une attaque du Français. Un lourde défaite qui prive le médaillé européen de demi-finale.

17h40. -78kg, 1/4 finale, Andéol en demie
L’impact physique d’Emilie Andéol et une bonne gestion du match : voici la recette de ce quart de finale remporté aux pénalités (hansokumake) par la sociétaire du RSC Champigny, sous les yeux de son président de club, face à la Bosnique Ceric.

17h25. -100kg, 2e tour, Maret passe Zhorzholiani
Encore un tour de costaud pour le Français contre Levan Zhorzholiani. Il a dû s’employer à bien gérer les pénalités jusque dans la toutes dernières secondes dans un combat fermé où il ne fallait faire aucune erreur. Menant 3 pénalités à 2 à l’entame de la dernière minute, le Français se faisait pénaliser à son tour. Pas de quoi le désunir : il maîtrisait bien le numéro 30 mondial pour le faire pénaliser une dernière fois. Hansokumake. Cyrille Maret est en quarts.

17h. +78kg, 1er tour, ça passe pour Andéol
La Française a un coup à jouer aujourd’hui et elle le sait : ça commence comme il faut avec cette victoire sur la modeste Argentine Samantha Da Cunha. Prochain round contre la jeune Bosniaque de 22 ans, Ceric, championne du monde juniors 2009 qui a terminé 7e des derniers championnats d’Europe

16h55. +100kg, 1/4 finale, Teddy si simple
Il ne s’affole pas Teddy : battu une seule fois par Oscar Brayson en 2006 alors qu’il était encore junior, et avec quatre succès contre le Cubain depuis, dont celui en demie-finale du tournoi de Paris, il sait que Brayson n’a pas vraiment les armes. Alors il prend le temps de poser ses mains, laisse tomber une ou deux pénalités, avant de monter très haut sa main droite et d’enclencher cet o-soto-gari à 2’08 de la fin du combat. Ippon. C’est facile le judo…
Dans la catégorie, Andreas Toelzer a placé son immobilisation pour entrer en demie, et le Brésilien Rafael Silva son ashi-guruma qu’a essayé de contrer très maladroitement le Japonais Shichinoe en ura-nage… sauf que les 150kg de Silva lui sont tombés dessus. Ippon.
Le Russe Alexander Mikhaylin, en revanche, vient d’être battu aux pénalités (hansokumake) par le Géorgien Okruashvili dans un duel fratricide. Tout juste revenu de son opération du genou en cachant sa participation jusqu’au dernier moment, le Russe, qui a pris de la masse musculaire, n’a pas réussi son pari.

16h35. +100kg, 2e tour, Teddy tranquille
Trente secondes, un grand o-soto-gari pour ippon : le Français e eu le plaisir d’attaquer sur ce 2e combat face au Biélorusse Aliaksandr Vakhaviak. Cela va devenir un peu plus sérieux en quarts contre le Cubain Oscar Brayson.

16h30.  -100kg, 1er tour, Maret domine Correa
Opposé au champion du monde 2007, le Français Cyrille Maret montre qu’il faudra compter avec lui avec cette immoblisation pour ippon.

15h55. +100kg, 1er tour, Riner dans l’ennui
On le sait, le scénario risque de se reproduire : des adversaires qui n’osent pas attaquer le champion olympique français au risque d’être puni. En guise d’échauffement, Teddy Riner, opposé au Tadjik Adburakhmonov a donc dû attendre que les pénalités tombent : un, deux, trois, quatre. Hansokumake. 

Dernier jour de compétition en individuels au Maracanazinho, avec les trois dernières chances françaises livrées dans la bataille, qui tenteront de faire mieux que la seule médaille de bronze glanée par Audrey Tcheuméo hier. En -78kg, Emilie Andéol, médaillé continental au printemps, devra se sortir des griffes argentines de Samantha Da Cunha en préambule pour espérer une breloque en fin de journée.

La fiche athlète d’Emilie Andéol

 

 Chez les garçons, les deux copains Cyrille Maret (-100kg) et Teddy Riner (+100kg) entreront dans le bal avec le clair objectif de ramener deux nouvelles médailles à la patrie. Si l’or est l’unique métal envisagé par notre porte-drapeau qui a connu ses premières joies planétaires ici-même en 2007, Cyrille Maret devrait monter en puissance au fil de la journée pour se rapprocher du carré final.

La fiche athlète de Cyrille Maret

La fiche athlète de Teddy Riner

À Lire, la ongue interview de Teddy Riner parue sur Le Monde.fr