Sa qualification olympique est-elle menacée ?

C’est un Pierre Duprat mobile et agréable à suivre qu’on découvre sur le tapis, comme lors de ses dernières sorties, à Paris ou à Kazan pour le championnat d’Europe, mais aussi étrangement absent et finalement battu un peu trop facilement par des combattants qui ne devrait pas poser de problème au n°1 français de la catégorie. 
Cette fois c’est le Grec Georgios Azoidis, 39e mondial, qui finit par placer sa hanche et jeter le Français sur le dos.

Que se passe-t-il avec Pierre Duprat ? Dix-septième mondial à la fin 2014, alors qu’Ugo Legrand est encore devant lui, il se tient désormais à une fragile 20e place mondiale qu’il a du mal à alimenter en point. Son dernier podium international remonte au Grand Prix de Croatie en mai 2015 et sa dernière victoire au Grand Prix du Kazakhstan en octobre 2014. Moins agressif sur le tapis, plus mobile peut-être, son attitude à changer, comme si il cherchait à faire naître un Duprat 2.0 sans y parvenir complètement. Transition ou difficulté à assumer cette première place française et les responsabilités qui vont avec – notamment la perspective d’aller aux Jeux olympiques – qui lui est arrivé de façon un peu imprévue avec la retraite anticipée d’Ugo Legrand ? Quoi qu’il en soit, sur cette lancée, il ne donne pas vraiment l’impression de pouvoir aller décrocher une médaille à Rio.

Est-il menacé pour les Jeux ?
Encore faudrait-il même qu’il y aille. La victoire de l’Ouzbek Mirali Sharipov le fait sortir des vingt meilleurs mondiaux et autour de lui c’est la tentative de révolte des non-qualifiés qui se battent à la vie à la mort, comme le Chinois Sai, magnifique médaille de bronze ce samedi en écartant le Mongol Sainjargal, 10e mondial – ce qui montre au passage que la Chine a bien fait de recruter l’ancien entraîneur coréen, qui leur fait beaucoup de bien.
La situation actuelle de Pierre Duprat le situe tout de même aux alentours d’une quinzième place dans la liste olympique, le haut du tableau étant squaté par trois Japonais, deux Russes et deux Mongols, ce qui va laisser de la place. Attention néanmoins aux deux tournois de qualification qui reste, dont le Master, qui ne concernera guère les leaders, majoritairement absents. La mauvaise surprise est néanmoins très improbable. Pierre Duprat ira donc aux Jeux. Il l’a déjà prouvé, il a le potentiel pour y faire quelque chose. Encore faut-il qu’il trouve ce qui lui manque avant le mois d’août 2016.

Pruvost, la bonne attitude

Dans cette catégorie des -73 kg, Guillaume Chaine, battu au second tour d’un shido par l’ « Emirati » Scvortov (après une victoire sur le Chypriote Krassas) n’offre guère d’alternative. 
En -63 kg, en l’absence de Clarisse Agbegnenou blessée, et toujours confortable n°2 mondiale, la France avait engagée la jeune margaux Pinot et celle qui s’est donnée le droit d’accéder à ce niveau grâce à ses résultats dans les Open, la grande Marielle Pruvost. Pinot (45e) sortait d’une pénalité la Russe Labazina (29e mondiale), mais cédait ensuite par ippon devant l’Israélienne Gerbi, numéro 5 mondiale. Marielle Pruvost (42e), de plus en plus impressionnante sur un tapis avec sa détermination et sa volonté d’attaque, faisait un très beau parcours avec une victoire d’entrée sur la néo-Belge Sarah Loko et un « clash » majeur contre l’Italienne Gwend (9e), qu’elle finissait par écoeurer au sol après une « baston » énorme. Elle battait encore la Hongroise Szabo, mais se faisait surprendre par le très beau ko-uchi-gari à gauche de la trentenaire croate Mskovic Hasanbegovic, en regain de forme depuis qu’elle a gagné l’Open de Casablanca récemment, et elle prenait aussi, sur la première prise de garde, le sode-tsuri-komi-goshi à une main de la Cubaine Maricet Espinosa, qui en mettait un impressionnant aussi pour la place de trois à l’Israélienne Gerbi, prouvant qu’elle sera une outsider à considérer pour les Jeux olympiques. 

Nagase embêté

Ce Grand Chelem au niveau irrégulier a l’intérêt de confronter des leaders fatigués, quand ils sont là, à des seconds couteaux tranchants qui donnent tout pour tenter de faire des points, et à quelques figures nouvelles, comme le champion du monde junior 2015, le Japonais Ryuju Nagayama, deuxième en -60 kg vendredi.
C’est ainsi que l’invincible champion du monde -81 kg, le Japonais Nagase, encore plus relâché que d’habitude, s’est fait « pourrir la vie » par le très actif jeune Néerlandais Frank De Wit, et ne dut son salut qu’à une attaque efficace à la dernière seconde du combat ! En finale, il a terminé son tournoi par un ko-soto-gari / de-ashi-barai fabuleux sur le Bulgare Ivanov.

Le champion du monde -81 kg Takanori Nagase (JPN), bousculé par le jeune Frank De Wit (NED) / Officiel IJF