
Crédit photo : Tamara Kulumbegashvili/IJF
Veni, vidi vici. La célèbre formule de Jules César sied à la journée d’Amandine Buchard et Luka Mkheidze ce vendredi, lors du premier jour du Grand Chelem de Tbilissi. Deux doubles médailles olympiques individuels tricolores — argent et bronze pour chacun —, qui revenaient à la compétition après leur podium à l’Arena Champ-de-Mars l’été dernier pour renouer avec la victoire lors d’une journée où ils auront su être à la hauteur de leur statut de favori et tête de série n° 1. Deux médailles d’or, auxquelles il faut l’ajouter l’argent, rageant, de Martha Fawaz en -57kg, et le bronze de Shirine Boukli en -48kg.
Amandine Buchard aura su s’appuyer comme d’habitude sur un kata-guruma dont la majorité de ses adversaires ne savent toujours pas se dépêtrer. En finale, un plaquage de face de la judoka et de la rugbywoman du Stade Français contre l’Israélienne Gefen Primo et voilà la -52kg qui remporte son huitième Grand Chelem ! Une journée maîtrisée.
Pour Luka Mkheidze, patience et longueur de temps font plus que force ni que rage. Il y avait deux deux shidos partout en finale contre le jeune Brésilien Michel Augusto, 20 ans, 5e à Tokyo, 3e au Grand Prix d’Autriche. Mais ce dernier, sans doute trop généreux, lançait un mouvement d’épaule qui manquait de conviction. Et voilà le Français qui le contrait en yoko-guruma après deux minutes quarante secondes de golden score. Un Mkheidze, lui aussi en reprise de repères : quatre combats, aucune valeur encaissée, une victoire aux pénalités, pas d’ippon marqué, mais une journée où les objectifs sont pleinement remplis.
En -57kg, surprise avec l’élimination d’entrée de Sarah-Léonie Cysique, la troisième tête de série n° 1 française ce vendredi. Un balayage sur la deuxième jambe de la part de la Mongole Ichinkhorloo Munkhtsedev, 5e des championnats du monde 2024, stoppait la journée de la Française, médaillée d’argent et de bronze olympiques comme ses compères des -60kg et -52kg. Un mouvement magistral que tous voyaient comme un ippon — y compris d’ailleurs Cysique — finalement ramené à waza-ari, que la combattante de l’ACBB ne comblera pas.
Dans cette catégorie, celle qui s’est illustrée est une nouvelle fois Martha Fawaz.
Toujours aussi percutante et impactante, la vice-championne de France, victorieuse du Grand Chelem de Paris et titulaire aux championnats d’Europe, trace sa voie jusqu’en finale où tout le monde la voit gagner après avoir mené d’un yuko et d’un waza-ari. Une maîtrise totale qui s’évapore — ou presque — à la moitié du combat contre une Eteri Liparteliani portée par un public géorgien évidemment acquis à sa cause : un premier uchi-mata, un second o-soto-gaeshi, un yoko-guruma : deux yuko et un waza-ari pour la judoka orléanaise. Tout va bien ? Oui… puis non avec un waza-ari subi sur o-uchi-gari, puis un yuko sur ura-nage, un second… imaginaire, puis un dernier sur à nouveau o-uchi-gari.
Une défaite dure à avaler tant le scénario du combat ne laisse penser à une telle conclusion. Un combat néanmoins spectaculaire et excitant à suivre !
Enfin, Shirine Boukli continue se remise en jambes. Certes, il n’y a toujours pas d’or, mais une seconde médaille en Grand Chelem après l’argent de Paris. Dans la capitale géorgienne, elle s’incline en demi-finale sur la Mongole Narantsetseg Ganbaatar, septième aux Mondes 2024. Une attaque sans déséquilibre était sanctionnée d’un troisième shido pour fausse attaque. Un petit accroc que la Française oubliait pour placer un ude-garami à l’Italienne Giulia Ghiglione pour la troisième place.
Une entrée en matière convaincante, mais attendue pour cette Équipe de France forte de nombreuses pièces maitresses.
Un vendredi où l’on aura remarqué, époustouflé, le -66kg russe Abrek Naguchev. En finale, c’est une véritable leçon d’ashi-waza sur l’arrière
qu’il donne face au pauvre Géorgien Temur Nozadze, dépassé par la variété technique de ce champion du monde juniors 2021 : ko-uchi-gake (à droite), ko-uchi-gari (à gauche), o-uchi-gari (à droite).
Abrek Naguchev ? Un fils de prof dont le père s’appelle, Dzhanbolet, directeur technique du club de Toupasé, une ville russe située sur la mer Noire. Un des meilleurs formateurs du judo russe puisque sortent de son club : Mikhail Igolnikov, Ksenia Galitskaiia, son frère aîné Kazbek, le diamant Konstantin Simeonidis, champion du monde junior 2019 et qui, comme Kazbek a rejoint la sélection émiratie.
Ou bien encore Timur Arbuzov, le nouveau monstre des -81kg. Si ce dernier a été formé par son père c’est dans le club du père Naguchev qu’il a passé un cap. À coup sûr l’une des meilleures écoles de judo du pays et plus.
Ce soir, la France prend le leadership grâce à ses leaders : deux titres, une médaille d’argent et une de bronze. Demain, entrée en lice de Clarisse Agbegnenou qui, elle aussi, revient à la compétition après les JO parisiens.