Déjà quatre titres, huit finales, neuf médailles pour le pays hôte

Natsumi Tsunoda, une nouvelle venue convaincante en -52kg / Photo Emmanuel Charlot /L’Esprit du Judo

Pour Hélène Receveaux, c’est la cinquième place. Elle se relâche le temps d’un kata-guruma au ras du sol de son adversaire, la n°1 mondiale mongole Dorjsuren, qui prend un yuko décisif tôt dans le combat. Pas de médaille française.
Avec le bronze seulement pour l’ancienne championne du monde et médaillée olympique 2016 Ami Kondo et pour l’intéressante Funa Tonaki, une championne du monde junior 2015 pleine de détermination, les -48kg japonaises vont retourner dans leurs Universités avec le rouge au front. C’est la seule catégorie en effet où elles doivent s’incliner pour la finale, laissant passer l’autoritaire Mongole Urantsetseg Munkhbat et la toujours plus redoutable coréenne Jeong Bokyeong. Dans les autres catégories de ce vendredi, personne n’a résisté au Japon, malgré une opposition qui comptait quelques ténors du top 5. Chez les féminines, l’attaquante Natsumi Tsunoda l’emporte en -52kg après avoir gagné la Coupe du Kodokan et le championnat universitaire, première d’un podium… entièrement nippon. Voir monter les quattres drapeaux blancs avec le cercle rouge central faisait belle impression. Gros duel en -63 kg ou « l’ancienne » Udaka Nae (elle a 31 ans), championne du monde 2014 et désormais 36e mondiale, faisait briller son exceptionnel ashi-guruma. Mais elle rencontrait la « tombeuse » – et de façon nette – de la n°1 mondiale, la Mongole Dorjsuren, Tsukasa Yoshida, et si elle tenait le combat, elle finissait par céder au golden score après…5mn49 de combat en plus. Copieux.

Takato s’incline

Deux catégories masculines, deux finales entièrement japonaises en -60 kg et -66 kg. Le titulaire olympique Naohisa Takato était présent en -60 kg, mais dans un style moins rigoureux et de plus en plus tactique, et il finissait par se faire magnifiquement fixé dans une posture défensive à genoux au sol et projeté en uchi-mata sur le dos par Ryuju Nagayama, déjà vainqueur de la Coupe du Kodokan, devant Toru Shishime, mais toujours inconnu au bataillon de la ranking mondial, même si est champion du monde juniors en titre. Il n’y a qu’au Japon qu’on peut voir une chose pareille. Quant à Toru Shishime, l’un des favoris, il était une nouvelle battu sur sumi-gaeshi par le Russe Robert Mishvidobadze, en pleine forme, qui finissait par emporter le bronze et les points qui vont avec. Pas très bon pour Shishime. Un bon plan pour Robert en revanche, pourtant battu récemment par les Français Revol et Manquest… lesquels n’étaient pas de la fête de Tokyo. Dommage pour eux, tant mieux pour lui qui est en train de s’installer dans le top 30 mondial en étant parti de presque rien à la fin de l’été.

Hifumi Abe, déjà aiguisé

En -66kg, on l’attendait, on l’a eu. Grosse démonstration du prodige Hifumi Abe, 19 ans, qui a gagné ses trois derniers tournois, le Grand Prix d’Ouzbekistan en ocotbre dernier, le Grand Chelem de Russie en juillet et le Grand Chelem de Tokyo ce vendredi… comme il l’avait d’ailleurs déjà fait en 2014, à 17 ans. Entre temps il a aussi fait une énorme démonstration au championnat du Japon. Il bat le Russe Pulyaev et domine ensuite deux des trois autres Japonais en demi-finale (contre Norihito Isoda) et en finale contre Yukii Hashiguchi su un fantastique eri seoi otoshi ! Attention les yeux, l’homme qui va remplacer le triple champion du monde et double médaillé olympique Ebinuma, c’est très certainement lui. Peut-il le faire oublier ? Il a quatre ans pour ça, et encore une olympiade potentielle derrière. Hifumi Abe, retenez le nom.

Hifumi Abe (-66kg), 19 ans, dans ses œuvres / Photo Emmanuel Charlot – L’Esprit du Judo