Pas d’or pour la France, pas de médaille pour Cyrille Maret

Ce sera la frustration de ce Grand Prix néerlandais, sur lequel une grosse délégation française était engagée, avec une grande partie des champions de France et des leaders nationaux présents. Après la bonne surprise d’entrée de la médaille de Romaric Bouda en -60kg, le bilan final reste en effet modeste. Une médaille masculine au bout du compte, et quatre médailles féminines tout de même, mais pas d’or. De quoi se retrouver au quatorzième rang des nations présentes.

Aujourd’hui, il y a avait moyen de le faire pourtant avec Cyrille Maret pour son retour en sélection après sa cinquième place au Grand Prix du Mexique en octobre. Mais aussi par les féminines engagées, deux championnes de France, Julie Pierret (-78kg) et Valentine Marchand (+78kg) et les deux internationales de Champigny dans ces catégories, Samah Hawa Camara (-78 kg) et Anne Fatoumata M’Bairo (+78kg). Grosse surprise chez les +78kg puisque c’était la… Camerounaise Hortence Vanessa Mballa Atangana qu’on retrouvait en finale, après qu’elle ait sorti rien de moins que la Chinoise du jour et la n°2 mondiale, la Bosniaque Larissa Ceric sur le même geste, un très joli yoko-guruma. La Française qu’elle prenait ensuite était donc prévenue, mais la Camerounaise sortait alors un splendide seoi-nage de légère pour sortir M’Bairo et se hisser en finale ! Quant à la jeune Valentine Marchand, elle défendait bien ses chances en gagnant deux combats avant de s’incliner en quart devant la future médaille d’or, la Biélorusse Slutskaya, et au premier tour de repêchages devant l’Ukrainienne Tarasova, finalement battue pour le bronze par M’Bairo.

Shmeleva, celle que l’on n’attendait pas

Tout paraissait bien parti pour que ce soit finalement en -78kg que la France fasse son titre ici à La Haye, rejoignant le très large panel des nations récompensées par une médaille d’or. Malgré l’échec surprise de Julie Pierret au premier tour contre une Sud-Africaine médaillée des championnats d’Afrique, Samah Hawa Camara tenait très bien la maison en sortant leader de son quart, devant la Néerlandaise Verkerk, toute récente médaillée mondiale, qu’elle parvenait à gêner par un kumikata agressif « à la coréenne » avant de la surprendre sur un mouvement d’épaule. Lancée par ce bel exploit, elle écartait magistralement la numéro deux brésilienne Samanta Soares (26e) d’un grand fauchage de hanche. C’était la finale et tout était ouvert… car de son côté une jeune combattante russe coachée par le Français Roux avait bousculé son tableau et sa demi-finale, Antonina Shmeleva, 35e mondiale, victorieuse entre autre de l’Anglaise Powell, numéro deux mondiale. Et c’est finalement la Russe qui restait sur sa dynamique jusqu’à l’or en ramenant en puissance la Française sur le dos, sur un renversement basique (et néanmoins efficace). La première victoire en Grand Prix de la Russe… la troisième finale perdue de la Française.  Il était donc dit que les féminines françaises n’obtiendraient pas d’or ici. Une indication sur le niveau d’opposition de plus en plus copieux et varié du judo féminin international. Ironie du sort, ce combat qui condamnait la France à rester en deça des nations leaders, permettait aussi la Russie d’être la seule nation à deux titres. Shmeleva rejoignait en effet le vieux guerrier Musa Moguhskov, vainqueur en -73kg. Seule ? Non car l’Ukraine, qui avait déjà emporté l’or en -48kg sans Daria Bilodid, mais avec Marina Chernyak, prenait aussi le dernier titre en +100kg, avec le puissant Yakiv Khammo. Il est à noter que dans cette catégorie des lourds, la Russie avait aligné une vieille connaissance, Alexander Mikhailin, 39 ans, barbe poivre-et-sel et toujours pas rassasié. Un peu par accident, il sortait le solide, mais pas très fin tactiquement, Néerlandais Henke Grol (pénalisé plusieurs fois pour avoir poussé son adversaire dehors). Mais s’arrêtait au tour suivant.

Buzacarini pour la deuxième fois

Il restait quatre garçons pour finir fort chez les Français, les deux -90kg et les deux -100kg (la catégorie des +100kg étant globalement abandonnée pour l’instant en France en l’absence du patron). Loris Tassier et Alexis Matthieu donnait leur maximum, mais sortait au premier tour. Et le -100kg Joseph Terhec faisait de même. Il restait le sauveur habituel, le vice-champion d’Europe Cyrille Maret. Mais après un premier combat tranquille contre le Polonais Wojcik (186e), il retrouvait sur sa route le dernier combattant à l’avoir vaincu, le Brésilien Buzacarini. Dominé aux pénalités au Grand Prix de Cancun au Mexique, il était pris de vitesse à nouveau et projeté une première fois pour waza-ari sur une confusion sasae / harai-makikomi, puis une seconde fois en fin de combat sur une action confuse alors qu’il tentait de refaire son retard. Mine de rien, un affront de ce Brésilien 34e mondial et une mauvaise séquence pour le Français absent du podium pour ses trois dernières sorties. Doucement, il est en train de glisser au-delà du Top 20 mondial.