La « team » géorgienne domine le collectif russe
Safarov, un Azéri qui s’envole ! / Photo G. Sabau – IJF Officiel
La première réussite géorgienne, avec ce « Grand Prix de Tbilissi » 2014, est bien la remise en selle d’un tournoi mythique, d’un lieu – un pays de guerrier et de lutteurs – et du type d’opposition qu’on peut y trouver – les Géorgiens chez eux d’abord, mais aussi les autres représentants des Pays de l’Est, Russie, Azerbaijan, Ukraine, Ouzbékistan…
Situé cette année à quelques semaines des championnats d’Europe, on verra dans l’avenir si la date est bonne où si on aura tendance à lui préférer le rendez-vous aussi bien doté et peut-être un peu moins exposé à la rudesse de l’opposition, pour un dernier test avant les championnats d’Europe, du Grand Prix de Samsun, en Turquie, dès la semaine prochaine. Quoi qu’il en soit, le fameux tournoi de Tbilissi est de retour est c’est déjà une bonne nouvelle.
Quatre leaders en or
La seconde réussite géorgienne aura été de dominer sa compétition, comme au bon vieux temps, en plaçant cinq combattants en finale, dont quatre en or, et quatre de plus sur le podium – tous des hommes. La révolution féminine n’est pas encore dans la mentalité du pays, même si on voit désormais depuis quelques années des combattantes féminines géorgiennes ; elles étaient neuf cette fois, avec une 5e place en +78 kg comme meilleur résultat.
Premier jour, le doublé azéri
Pourtant ce n’était pas très bien parti pour la Géorgie au premier jour, malgré la présence notamment de Papinashvili en -60 kg, n°2 mondial et finaliste à Paris – lequel était étranglé comme un poulet par le Kazakh Yessimbetov sur un kata-te-jime placé en quelques secondes. Et c’est l’Azerbaijan qui frappait les trois coups en prenant les deux première médailles d’or masculines. Ce n’était pas une surprise en -66 kg ou l’excellent Shikalizada, 8e mondial, réussissait un eri-seoi-nage fabuleux et subtil en finale contre l’Ukrainien Zantarayia, 5e mondial. C’était un peu plus le cas en -60 kg avec le jeune Orkhan Safarov, un garçon qui commençait tout juste, à 22 ans, à marquer la catégorie – avec notamment une 3e place au Grand Prix d’Abou Dhabi, et auteur déjà d’un formidable exploit avec la médaille de bronze aux championnats du monde 2013. Ce bel attaquant au o-soto-gari dévastateur écartait le champion olympique russe Galstyan de la médaille d’or. Sûr de lui et formidable depuis le début de la compétition, le champion olympique menait rapidement par waza-ari en demi-finale, prenait quelques pénalités… et se voyait surpris par le seoi-nage inversé « à la coréenne » du jeune azéri. Waza-ari et quelques secondes de reste. Un piège classique.
Gogotchuri, surprise géorgienne en -90 kg ?
La deuxième journée remettait les pendules à l’heure géorgienne. Deux médailles d’or pour le numéro un mondial et vice-champion du monde, Avtandil Tchrikrishvili en -81 kg, qui battait en finale l’Américain Stevens, très impressionnant au sol. Une grosse bataille en -73 kg entre tous les prétendants géorgiens, dont le champion olympique des -66 kg, Lasha Shavdatuashvili, joli finaliste et vainqueur entre autres de l’Emirati Scvortov, 9e mondial. Le vainqueur de Shavdatuashvili, mais aussi du n°1 géorgien actuel au classement mondial, Zebeda Rekhviasvili, était finalement Nugzari Tatalashvili, 25e mondial et vice champion d’Europe. Le troisième jour confirmait la mainmise géorgienne, avec la victoire en +100 kg d’Okroashvili, n°3 mondial, sur une opposition privée de top 20 mondial. Enfin la quatrième médaille d’or, dans la catégorie des -90 kg, n’allait pas au vainqueur du tournoi de Paris et n°1 mondial Varlam Liparteliani, lequel n’était pas là, mais à Zviad Gogotchuri, déjà vainqueur du tournoi d’Autriche et troisième en Allemagne. Il battait en demi-finale d’une pénalité le n°1 russe et médaillé mondial Denisov, et en finale par ippon l’Italien Facente, vainqueur du Grand Prix des Emirats. À 27 ans, Gogotchuri trouve un nouveau souffle et devient un sélectionnable crédible de la Géorgie pour les championnats d’Europe de Montpellier.
La Russie ? Plutôt les filles
La Russie, fidèle à son habitude de faire tourner son collectif en n’hésitant pas à sortir des combattants classés cinquième national sur des Grands Prix, avait amené ici un Mikhail Kosyashinkov en -100 kg, 109e mondial et sixième russe de la catégorie, en -81 kg Stanislav Semenov, 38e mondial et… huitième russe, mais aussi le champion olympique Galstyan en -60 kg, le -66 kg Alim Gadanov, n°2 russe et 14e mondial, le -73 kg Musa Mogushkov, 3e Russe et 38e mondial, le -90 kg Kirill Denisov, 3e mondial. Avec une finale (Anton Krivobokov, 2e en +100 kg) et quatre médailles de bronze, ce groupe de dix combattants ne fait pas un carton. En revanche, les féminines sont bien présentes, avec le même genre de sélection, un groupe panaché de leaders, comme Natalia Kuziutina en -52 kg ou Irina Zabludina en -57 kg, et quelques nouvelles venues. Si Kuziutina se fait surprendre d’une pénalité par la médaillée olympique italienne Forciniti, qui n’a depuis fait qu’une sortie, l’open d’Italie qu’elle a gagné, Zabludina exécute toutes ses adversaires avec son terrible juji-gatame. Et les Russes emportent une seconde médaille d’or avec la -48 kg Natalya Kondratieva, qu’on n’avait pas vu depuis son échec des Jeux 2012, et désormais 82e mondial. Remarquable elle aussi au sol, elle l’emporte facilement en plaçant en finale une belle clé de bras à l’Ukrainienne Maryna Cherniak. Une nouvelle 48 kg d’excellent niveau pour les Russes. Avec huit médailles, trois finales et deux titres, les féminines russes sont devant les trois finalistes italiennes, pour deux titres elles aussi, Edwige Gwend qui bat la championne du monde israélienne Gerbi en -63 kg, et la -78 kg Assunta Galeone qui écarte les deux combattantes russes et l’Ukrainienne Turks. Trois performances si on en juge par les classements mondiaux qui montre que l’Italie a bien préparé ses championnats d’Europe. À suivre !