La championne française était invaincue en 2014

Pas de victoire française encore aujourd’hui, et pourtant on y croyait bien fort avec la présence de notre invincible Clarisse Agbegnenou en -63 kg. Invaincue tout au long de l’année 2014 avec un championnat d’Europe et un championnat du monde à la clé (mais aussi le Grand Chelem de Paris et deux Grand Prix). Il fallait remonter à sa défaite au championnat du monde 2013 face à Yarden Gerbi par étranglement, puis à son tournoi de reprise quelques mois plus tard à Abou Dhabi contre l’Autrichienne Unterwurzacher (sur un yoko-tomoe-nage) pour trouver trace de ses dernières défaites, à chaque fois en finale du tournoi.

Le cas Tina

Et cette fois ? Cette fois, elle est encore montée vers la finale sans rencontrer d’obstacle à sa mesure, en marquant ippon à chaque fois, malgré le niveau de ses rivales, dont la dangereuse Néo-Britannique Alice Schlesinger, la Mongole Tsedevsuren où l’Italienne Gwend, 7e mondiale. Mais c’est en finale que les choses se sont enrayées. La Slovène Tina Trstenjak, n’a rien d’une inconnue. Elle a 24 ans, elle a été deux foix médaillée mondiale junior (en 2008 et 2009) et elle est 3e mondiale avec des résultats en constante hausse. Clarisse Agbegnenou l’a battu trois fois en 2014, et notamment en finale du championnat d’Europe. La Slovène était jusque-là restée un ton en dessous des meilleurs, mais sur ce Grand Prix de Croatie, au moment d’affronter la Française en finale, elle vient tout juste de sortir l’Israélienne Yarden Gerbi par ippon en demi-finale. Son style, fait de constantes variations de directions avec seoi-nage / ko-uchi et même o-soto-gari, est très efficace ce jour-là. Clarisse s’y laisse prendre et donne un waza-ari. Reconcentrée, elle fait pression et on voit mal comment la Slovène va résister. Effectivement, celle-ci se lance en mouvement d’épaule, la Française passe derrière et se jette pour la dérouler. Elle marque waza-ari en contre… mais se laisse prendre en osae-komi ! Efficace dans ce secteur, Tina Trstenjak ne la lâchera pas.
Faut-il s’inquiéter de cette défaite ? Sans doute pas trop. Clarisse Agbegnenou faisait son premier tournoi en 2015 et la voici prévenue. Une nouvelle fois battue au sol, quelques entraînements défensifs s’imposent peut-être encore… Quant à Tina la Slovène, victorieuse d’Anne-Laure Bellard pour la place de trois à Chelyabinsk, elle vient de s’afficher très clairement désormais en rivale pour le duel final. Mais ce sera à ses risques et périls !

Posvite est toujours là

Pas d’or, donc, mais de belles prestations françaises pour ce samedi. Avec notamment une médaille accrochée en -70 kg par Fanny-Estelle Posvite. Déçue de voir passer non seulement Emane, mais aussi la jeune Gahié devant elle pour la sélection européenne 2015 (elle qui avait fait le les deux derniers championnats d’Europe et le championnat du monde 2014), elle rappelle qu’elle commence à prendre une vraie autorité dans cette catégorie de « solides ». Battue dans son tableau par la Polonaise Klys (11e), elle faisait le bon repêchage en gagnant une partie de manivelles contre la Canadienne Alix Renaud-Roy, et réussissait son efficace changement de direction contre l’Allemande Diedrich (16e). De quoi entrer dans les vingt premières places du classement mondial.

Pierre Duprat, le niveau mondial

Pierre Duprat avait du pain sur la planche, du boulot en retard ! Cela se sentait dans son envie et sa fraîcheur, lui qui n’en manque de toute façon jamais. Il était resté sur une excellente série de performance en Grand Prix (1e au Kazakhstan, 3e en Ouzbekistan) en octobre, et un échec au Grand Chelem de Tokyo. Revenu de sa suspension pour « libertés fessières » (voir par ailleurs), il a repris sa marche en avant en laissant la même impression de plénitude, dans cette belle catégorie de barons. Trois ippons, dont le dernier sur le n°3 mondial, le très usant Sagi Muki, un Israélien dont le travail de sape constant est un cauchemar, et qui allait d’ailleurs finir par « tuer » le Néerlandais Elmont, n°1 mondial, en place de trois. Malheureusement pour le Levaloisien, il allait être finalement victime de la renaissance de l’ancien champion olympique -66 kg Lasha Shavdatuashvili, qui trouve ses marques ce jour-là dans cette catégorie après de longs mois d’adaptation. Attention à Lasha, vainqueur du tournoi, dont les arrachés de face et les finesses « judo » peuvent se combiner mortellement. Un nouveau danger en -73 kg.
Quant à Pierre Duprat, il allait conclure en beauté pour le bronze sur une merveille d’enchaînement debout-sol en juji-gatame face au Belge Sami Chouchi. Une signature pour une pointure de niveau mondial dans cette catégorie.

Gomes-Tavares, un pas de fait

Le champion de France Dimitri Gomes-Tavares n’en est pas encore à prétendre briller parmi le Top 20. Vainqueur de l’Open du Maroc en mars, il a eu le droit de tenter sa chance au Grand Prix de Géorgie quelques jours plus tard et n’avait fait qu’un combat. Cette fois il en gagne deux, dont un contre l’Autrichien Ott, 38e mondial, avant de céder à l’un des hommes forts du moment, l’Italien Ciano. Une belle étape qui lui a permis d’accumuler de l’expérience.
Dans cette catégorie, ce sont moins les deux vainqueurs, qui impressionnent, que les deux hommes en bronze, le Russe Khasan Khalmurzaev (qui aurait d’ailleurs dû être en finale s’il n’avait pas pris un hansokumake pour « saisie à la jambe »…), 21 ans, un gaucher impressionnant de stabilité et de sobre efficacité, le jeune Néerlandais Franck De Wit, vice champion du monde cadet 2013 et 19 ans à peine, dont les étoiles sont en train de monter vite et haut dans le firmament judo.