Notre analyse du classement mondial actuel, chez les filles

La Hongroise Joo s’arrache est devient n°1 européenne en -78 kg / Emmanuel Charlot – EDJ

La ranking list continue à nous servir régulièrement des n°1 mondiaux. Mais sont-ils vraiment incontestables ? Notre réponse à la question.

-48 kg, Sarah Menezes (BRA), devant Haruna Asami (JPN) et Charline Van Snick (BEL)

Vrai ?

La Brésilienne est championne olympique et elle a gagné le championnat continental américain. Un profil de n°1 impeccable a-priori. Néanmoins, Menezes a perdu à Paris contre… Laetitia Payet et la Mongole Munkhbat. Elle a aussi perdu en finale du Master contre la championne d’Asie, la jeune Japonaise Hiromi Endo, déjà 4e du classement mondial. Mais la leader japonaise, la championne du Japon, c’est Haruna Asami, victorieuse aussi du tournoi de Paris. Si la championne olympique est sur la voie d’un retour, elle devra faire la preuve qu’elle peut faire face à la force de frappe japonaise. Troisième, la Belge Van Snick occupe la place flatteuse de n°1 européenne, qui devrait plus légitimement appartenir à la Hongroise Csernovicki, 3e des Jeux et championne d’Europe, sixième seulement du classement mondial.

-52 kg, Majlinda Kelmendi (KOS), devant Andreea Chitu (ROM) et Yuki Hashimoto (JPN)

Faux

La championne olympique An Kum-Ae, la Coréenne du Nord, ne réapparaîtra probablement pas (même si avec la Corée du Nord, on ne peut jurer de rien). La favorite des Jeux et n°1 mondiale juste avant Londres, Misato Nakamura a disparu elle aussi. Depuis, la jeune Kosovar, battue au deuxième tour des Jeux par la Mauricienne Christianne Legentil, occupe remarquablement le terrain. World Cup de Turquie, Grand Prix des Emirats, championnat d’Europe -23 ans, Grand Prix d’Allemagne, Grand Prix de Turquie et Master à son palmarès ! Mais elle a perdu au championnat d’Europe (remportée par la Russe Kyuzutina, 11e mondiale) devant l’anonyme Italienne Odette Giuffrida et surtout, elle a perdu en finale du tournoi de Paris devant Yuki Hashimoto, la championne du Japon… laquelle n’a plus lâché un combat depuis décembre 2011 (défaite contre An Kum-Ae au Grand Prix de Chine). Elle a emporté les Grands Chelems de Tokyo et Paris, entre autres, et reste sur deux victoires contre Kelmendi. Jusqu’à preuve du contraire la Japonaise est la plus redoutable combattante de la catégorie.

-57 kg Automne Pavia (FRA), devant Sumiya Dorjsuren (MGL) et Kaori Matsumoto (JPN)

Vrai

La championne olympique, c’est la Japonaise Kaori Matsumoto. C’est elle qui bat la Française Pavia à Londres. Mais sans avoir annoncé sa retraite, la Japonaise s’est mise en retrait au point d’avoir renoncé même au championnat du monde 2013. Sortie du jeu pour l’instant, la brillante remplaçante désignée, Anzu Yamamoto a commencé par gagner Tokyo devant Pavia (et la Coupe du Monde des Nations avec ses camarades), mais elle a ensuite perdu à Paris contre la Française et a calé assez brutalement depuis, battue au premier tour des championnats nationaux et 5e seulement du Master. La finaliste des Jeux, la Roumaine Caprioru a fait une rentrée convaincante, mais encore timide, avec une 3e place au Master. Elle occupe la 4e place du classement. Si la jeune Mongole Sumiya Dorjsuren a accumulé beaucoup de points opportunistes dans les World Cup (de Mongolie) et autres Grand Prix (de Chine), sa victoire surprise au Master, avec des victoires sur les meilleures et notamment Pavia en finale l’installe en réelle outsider pour des grandes victoires futures. On peut légitimement considérer néanmoins que la Française, victorieuse à Paris, en Allemagne, au championnat d’Europe et finaliste au Master, est bien l’actuelle n°1 de la catégorie.

-63 kg, Yarden Gerbi (ISR), devant Clarisse Agbegnenou (FRA) et Kana Abe (JPN)

Faux

La championne olympique slovène Zolnir est désormais sur la chaise du coach. La double championne du monde japonaise Yoshie Ueno est en voyage. Le terrain est libre pour la jeune classe. L’Israélienne occupe une première place qu’elle ne mérite pas vraiment au vu de ses résultats. Si elle est classée partout, ou presque, elle n’a gagné que le Grand Chelem de Bakou, qui n’avait de Grand Chelem que le nom – et le nombre de points distribués. La vraie n°1 du moment, victorieuse de toutes les grandes compétitions auxquelles elle a participé, Paris, Dusseldorf, le championnat d’Europe, et en battant très nettement les meilleures Japonaises du moment, c’est la Française Clarisse Agbegnenou. Mais la Chinoise Xu, finaliste des Jeux et championne d’Asie, est à l’affut.

-70 kg, Kim Polling (NED), devant Kelita Zupancic (CAN) et Lucie Décosse (FRA)

Vrai

La championne olympique française Lucie Décosse est resté longtemps n°1 mondiale, se classant aux deux compétitions auxquelles elle a participé après sa victoire londonienne, le Tournoi de Paris et le Master. Elle a à chaque fois été battue  par la même combattante, l’ébouriffante Kim Polling, dont la ligne droite vertigineuse, Open de Bulgarie, tournoi de Paris et d’Allemagne, championnat d’Europe et Master a fini par aboutir par une première place mondiale plus que justifiée. Elle a pourtant longtemps été contestée par la Canadienne Zupancic, dont la progression est impressionnante. Zupancic gagne là où Polling n’était pas (Open d’Autriche, championnat continental, Grand Chelem de Bakou) et se hisse en finale, face à Polling, à Paris et au Master. Polling est une n°1 impressionnante. En attente du dénouement, c’est Lucie Décosse qui doit être considérée comme la n°2 (ou 1 bis) de cette catégorie sur laquelle elle régnait sans beaucoup partager jusqu’à ces derniers mois.

-78 kg, Mayra Aguiar (BRA), devant Abigel Joo (HUN) et Kayla Harisson (USA)

Vrai

Le carré magique qui domine depuis 2011 – la Brésilienne Aguiar, la Française Tcheumeo, l’Américaine Harisson et la Japonaise Ogata – s’est fissuré depuis Londres. Battue par l’Anglaise Gibbons qui lui « vole » sa place en finale, Audrey Tcheumeo a eu du mal à s’en remettre, ne donnant des signes de retour que par sa 3e place au Master. Harisson tente, pour l’instant sans résultat, de conquérir les -70 kg, Ogata a sombré dans la tourmente japonaise. Reste donc Aguiar. Troisième des Jeux (battue par Harisson), championne pan-américaine, elle vient de gagner le Master. Pendant la période de « moins bien » d’Audrey Tcheumeo, Lucie Louette a pris un relais très convaincant en gagnant Paris et le championnat d’Europe, mais elle s’est fait reprendre avec netteté par Tcheumeo pour le bronze du Master. L’intruse anglaise Gibbons a réussi un retour étonnant en gagnant Dusseldorf, mais s’est blessée depuis. La Hongroise Joo fait finalement une seconde assez convaincante en gagnant Bakou et en se hissant en finale du Master. La première place affichée pour la Brésilienne est tout à fait légitime.

+78 kg, Idalys Ortiz-Bocourt (CUB), devant Maria Suelen Altheman (BRA) et Megumi Tachimoto (JPN)

Vrai ?

Championne olympique un peu inattendue, la Cubaine Ortiz-Bocourt a assuré son statut en gagnant son championnat continental et en se hissant en finale du Grand Chelem de Tokyo et de Paris, et en finale du Master. Cela lui permet de reléguer à une seconde place flatteuse la très active brésilienne Althemann, qui gagne notamment le Grand Chelem de Bakou et le Grand Prix d’Allemagne. Mais la Cubaine perd toutes ses finales depuis Londres. Les deux Grands Chelems a chaque fois contre la même combattante : la Japonaise Megumi Tachimoto, discrète mais très performante. Au Master, c’est une Chinoise méconnue, Yu Song, désormais sixième mondiale, qui domine la Cubaine. Si on peut donc considérer que la championne olympique n’usurpe pas son statut de n°1, l’Asie est à l’évidence prête à reprendre le flambeau, et en particulier par la lourde japonaise. Tachimoto, c’est pour bientôt.