Limare, Mohamedi, Le Blouch, Chaine, Clerget, Riou, Delvert… zéro pointé

Kamel Mohamedi en difficulté, comme l’ensemble de la délégation française à Prague ce week-end. / Photographe Miroslav Petrik – Officiel UEJ

Après les ouvertures entrevues lors du championnat national, l’euphorie du tournoi de Paris, les tournois qui suivent disent bien souvent où nous en sommes vraiment de nos talents. Il faut donc aller sur les tapis de Prague et de Varsovie, face à des combattant(e)s parfois totalement anonymes, pour mesurer l’impact réel, le vrai potentiel des éléments qui se sont distingués sur les tapis nationaux. Avec ce barème, force est de constater que si le judo féminin français semble avoir encore un peu d’épaisseur, on peut tout de même s’inquiéter de la difficulté de nos meilleurs espoirs masculins à se tirer avec les honneurs de ce type d’épreuve. Le constat est particulièrement saisissant à Prague, car c’est précisément avec une équipe estampillée « espoirs d’aujourd’hui et de demain » que la France faisait face à l’opposition étrangère. Des garçons champions de France, comme Limare en -60 kg, Le Blouch (en 2013) en -66 kg, ou Riou en -81 kg ou qui aurait pu l’être, comme Delvert en -100 kg, des animateurs intéressants, comme Kamel Mohamedi en -60 kg, Guillaume Chaine ou Arthur Clerget en -73 kg, trois médaillés nationaux, dont deux finalistes, en 2014. Or les faits sont là : avec cette « équipe de France » qui pourrait très bien être engagée telle qu’elle sur un championnat d’Europe des nations ou un « World Combat Games »,  aucune médaille, un seul classement final dans les sept – pour Limare, 7e en -60 kg – et cinq combats gagnés en tout et pour tout, dont deux par Vincent Limare. C’est maigre.

Limare est encore tendre

Kamel Mohamedi (92e), 23 ans, battait Laslo Burjan (243e), mais perdait au tour suivant face à un Kazakh totalement inconnu, Amankhan Oskembayev. Meilleur combattant français du week-end, le champion de France Vincent Limare (60e) passait un Lithuanien 183e (Andrej Klokov), puis le plus consistant slovène Matjaz Trbovc, 50e mondial. C’était bien parti, mais sa journée s’arrêtait à cette performance, avec une défaite ensuite devant un autre parfait inconnu, l’Espagnol Gomis-Jimeno, puis par une nette confirmation de ses limites du moment devant le Bulgare Yanislav Gerchev, vainqueur par waza-ari et ippon. Vainqueur en Bulgarie, Gerchev est aujourd’hui 24e mondial, un niveau qui n’est encore pas dans la zone, hélas, de Vincent Limare. Si, à 21 ans, le combattant de Maisons-Alfort a encore du temps devant lui… Ce n’est pas le cas de l’équipe de France qui aimerait sans doute que le meilleur super-léger français depuis la fin de l’année dernière soit immédaitement opérationnel pour attaquer des sommets plus escarpés. Gagner ici, c’était possible. Le vainqueur de la catégorie est le Kazakh Aibek Imashev, 21 ans lui aussi et 44e mondial.

Un petit tour…

Deuxième tour pour le -66 kg Killian Le Blouch (79e), champion de France l’année dernière et finaliste cette année derrière Loic Korval. Il commençait bien lui aussi avec une victoire sur le Hongrois Zsolt Gorjanacz (67e), mais lâchait juste derrière devant le Russe Anzor Ardanov (232e) futur septième et dominé par le vieux briscard italien Elio Verde, en or à la fin de la journée. Deuxième tout aussi pour le costaud Guillaume Chaine (201e), d’abord vainqueur par ippon du Russe Rustam Shevotsukov (161e), mais arrêté ensuite sur le même score par le bon spécialiste autrichien de uchi-mata, Peter Scharinger (113e).

C’était ensuite trois premiers tours secs pour Arthur Clerget (217e)  en -73 kg, battu par le Biélorusse Aliaksei Ramanchyk (54e), futur finaliste tout de même, pour Guillaume Riou (89e) en -81 kg, écarté par le Slovène Jesenko Cetic (77e), et pour Clément Delvert (61e) en -100 kg devant le Kirghize Chingiz Mamedov (37e).

Krpalek s’amuse à la maison

Le Russe Murat Gasiev impressionne en -90 kg avec son intéressant kata-guruma avec le coude à l’intérieur. À 21 ans, le Belge Toma Nikiforov (-100 kg) réussit sa première très belle performance en tournoi international senior officiel, tandis que le -100 kg Lukasz Krpalek, s’épargne la descente au poids et s’amuse chez lui à aller gagner, et brillamment, la catégorie poids lourds.

Le groupe France ?

Il serait injuste de stigmatiser outre mesure cette performance modeste, vérité d’un week-end, et de ne pas laisser aussi à cette juene équipe le droit de prendre le temps de mûrir, la plupart d’entre eux étant âgé de moins de 23 ans. Mais il faut l’accepter, car c’est le verdict mathématique de la « ranking list » – et il est une nouvelle fois assez clairement confirmé – quand un champion de France est situé bien au-delà du cinquantième rang mondial, jusqu’à preuve du contraire, il est à sa place.