Trente-neuvième édition du tournoi international juniors d’Aix-en-Provence ce week-end, qui revenait dans sa salle traditionnelle du complexe sportif du Val de l’Arc. Un rendez-vous majeur et incontournable de la saison, en attendant une quarantième édition d’ores et déjà préparée par l’organisation. Quatre-cent-quatre-vingt seize combattants (297 masculins, 199 féminines) présents et trois enseignements.

1) Aix-en-Provence ? Une institution 
Rares sont les tournois en France qui peuvent se prévaloir de l’étiquette d’événement immanquable. Aix-en-Provence, chez les juniors, a pourtant ce privilège. Organisé par l’Aix Université Club du président Yann Martinon, ce tournoi, dont Claude Vieu en fut l’initiateur et le chef d’orchestre de très nombreuses années, a traversé les décennies, devenant à mesure ce que l’on appelle une institution avec ses caractéristiques assimilées par tous : une date fixe (mi-décembre) et une opposition étrangère qui sait souvent donner beaucoup de fil à retordre aux meilleurs juniors tricolores. La présence depuis plusieurs années d’une délégation japonaise avec les meilleurs lycéens nippons et futurs stars mondiales de la discipline a évidemment donné un cachet considérable, renforçant par là-même l’attractivité, déjà forte, de cette compétition qui joue le rôle de meilleur dernier test avant les championnats de France de début mars. Désormais organisé sur deux jours, Aix-en-Provence restera cette saison comme le seul tournoi juniors sans « concurrent » le même week-end. L’organisation d’un stage qui suit immédiatement le tournoi et une logistique désormais parfaitement huilée – composé des bénévoles du club et des membres de la ligue PACA autour de Philippe Blanquet – ajoutent à l’attractivité d’une compétition aura encore joué le rôle de répétition générale avant les championnats de France de début mars.
Alors même si les Japonais, absents pour des raisons économiques (la croissance des prix des billets d’avion suite au conflit en Ukraine) et les Canadiens, pour des raisons sportives (le pays organisait ses championnats nationaux juniors ce week-end), n’ont pas foulé les six tatamis, ce tournoi restera comme celui où il fallait être.

2) La jeune garde déjà là
Morgane Annis (-48kg, Alliance Grésivaudan Judo), Lila Mazzarino (-70kg, FLAM 91), Léonie Minkada-Caquineau (+78kg, DAN 79), Alexis Renard (-66kg, PSG Judo) et Mathéo Akiana Mongo (+100kg, Sainte-Geneviève Sports Judo) montent tous sur la première marche du podium ce week-end.
Tous, à l’exception de Minkada-Caquineau, furent sélectionnés pour les championnats internationaux cadets l’été dernier avec médailles ou classements à la clé : Mazzarino est championne d’Europe et médaillée mondiale (et déjà cinquième aux championnats de France 1re division seniors) ; Annis est vice championne d’Europe, Renard et Akiana Mongo terminent cinquième aux Europe, le premier finissant à la même place aux championnats du monde.
Annis, Mazzarino, Renard, auxquels on pourrait ajouter Thomas Puchly (deuxième hier en -81kg et 5e aux Europe et aux Monde cadets), désormais juniors première année s’affichent donc d’ores et déjà comme des leaders potentiels dans leur catégorie. À noter tout de même qu’en -48kg, Pauline Cuq (DAN 79), médaillée européenne juniors et lors des championnats de France 1re division seniors 2022 (en bronze) et qu’en -66kg, Manoah Dumont (PSG Judo), vice champion de France seniors, étaient absents. Le second vient d’être opéré suite à une pubalgie. Dernière information : Minkada-Caquineau et Akiana Mongo sont encore cadets. La première n’est même que deuxième année !
Résumons : les deux catégories « lourdes » ont donc été remportées par des cadets. Alors, précocité remarquable ou manque de densité inquiétant chez les +100kg et +78kg ? La suite de la saison, en particulier internationale, le dira.

3) Pietro Salvetti, Monsieur «morote»
Il ne finira que deuxième, battu en finale par Junior Dabaya de l’AM Asnières, en -73kg. Mais Pietro Salvetti, du club du Costanza Brescia, aura régalé avec son spécial, un morote-seoi-nage (qui se transformait parfois en eri-seoi-nage) classique, superbe et efficace. Un judoka que l’on pourrait bien retrouver sur le circuit international d’ici peu.
Une victoire étrangère ce week-end. Et des constantes : la Belgique présente en -81kg, l’Italie en -73kg et l’Allemagne et les Pays-Bas en -63kg et -70kg. Une vraie culture de ces catégories pour chacun de ces pays. Si Melkia Auchecorne (AS Chelles Judo) expédie la Néerlandaise Blance Uijtendaal sur un magnifique harai-goshi et que Lila Mazzarino vient à bout de l’Allemande Tanja Gruenewald (troisième aux coupes européennes juniors de France, Hongrie et République tchèque en 2022) lors de leurs finales respectives, Rémi Decorte (licencié en France, au DC Wasquehal) surprend joliment son monde en -81kg, battant tous les Tricolores sur son passage, y compris Thomas Puchly sur un juji-gatame parfaitement amené avec un retournement désormais classique à haut niveau (bras de Tori engagé, jambe qui appuie sur la nuque d’Uke pour le retourner pour arriver en juji-gatame classique). Un mouvement initié au niveau international par le Letton Alexander Yatskevich (médaillé olympique 1980 et triple champion d’Europe en 1978, 1980 et 1982 en -86kg) désormais responsable de l’arbitrage européen et qui fut de nombreuses années entraîneur national en… Belgique.

Retrouvez les résultats complets du tournoi en cliquant si le lien ci-dessous : https://lespritdujudo.com/tournoi-label-excellence-juniors-daix-en-provence-2022/