
Crédit photo : Tamara Kulumbegashvili/IJF
Après une première journée où la France frappa fort, cette deuxième journée commença par une douche froide. Championne du monde en titre, Margaux Pinot, qui faisait son grand retour sur le circuit depuis son sacre planétaire à Abou Dhabi, se faisait surprendre par un ko-uchi-gari lancé quelques dixièmes de secondes avant sa tentative de sutemi-waza sur la Russe Daria Antonova, 19 ans et 170e mondiale. L’arbitre hongrois levait le bras pour annoncer ippon et il n’y avait pas grand-chose à dire à cela. Un coup de judo qui gâchait donc la reprise de la Parisienne, éliminée d’entrée.
Il y avait ensuite de la frustration, avec la cinquième place de Benjamin Axus (AJA Paris XX), qui aurait évidemment souhaité imiter son copain Maxime Merlin, médaillé de bronze hier. Le -73kg s’inclinait en quart de finale contre le Mongol Erdenebayar Batzaya, 24e mondial et septième aux JO de Paris sur un magnifique ashi-guruma. En repêchages, il immobilisait rapidement l’Irlandais Joshua Green sur le renversement initié par Mark Huizinga, mais se faisait battre à nouveau, sur un petit shido, par l’Ouzbek Khojiakbar Toshev, sur un sumi-gaeshi à gauche après la première minute. Un avantage contre lui qu’Axus n’arrivera pas à combler.
Il y eut enfin la satisfaction d’une journée presque parfaite pour Melkia Auchecorne (AS Chelles Judo). Au premier tour, la titulaire des championnats du monde de Budapest évitait le piège chinois Jun Li. L’histoire est souvent la même : des combattants peu ou encore plus souvent pas du tout sortis sur le circuit international, et qui arrivent sans crier gare pour faire tourbillonner le système (comme aux championnats du monde juniors 2024, par exemple) bien huilé des têtes de série. Des inconnus à ne surtout pas prendre à la légère sous peine de grosse désillusion. La vice-championne de France 2024 ne l’a pas fait et place un joli tai-otoshi au golden score qui la sort de ce guêpier. Ensuite, il y eut la victoire en demi-finale contre la Japonaise Seiko Watanabe, venue au Tadjikistan avec son club d’entreprise. Une combattante qui avait fini en argent au Grand Chelem de Tokyo 2022 et au Grand Prix d’Autriche 2023. Sortie une seule fois après – c’était ici même l’année dernière — la Japonaise a dégringolé à une 103e place à la ranking-list. Mais il fallait se méfier et la Chelloise fut bien inspirée de marquer un waza-ri sur un uki-waza à droite pas très rapide, mais très classique et sur lequel la Nipponne ne pouvait que subir. Le ippon était très proche et la victoire, alors que les deux combattantes étaient à deux shidos partout, bien là.
Allait-on vers la première victoire en Grand Chelem de la si prometteuse tricolore ? Malheureusement, non. De finale, il n’y eut pas ou presque puisque la Mongole Gankhaich Bold, 30 ans, vice-championne d’Asie 2024, qui en était tout de même à son vingt-huitième Grand Chelem, surprenait Auchecorne d’entrée sur une action où la vista de l’Asiatique fut remarquable : sur une tentative de sode-tsuri-komi-goshi à gauche, la Française défendait en tendant le bras à gauche vers le sol pour bloquer. Bold s’en apercevait et replaçait son bras gauche pour un ippon-seoi-nage qui déroulait sur le dos la double championne du monde juniors. Dix-sept secondes et cette finale était déjà finie.
Une médaille d’argent et désormais une deuxième place pour la France, puisque le Tadjikistan, grâce à ses masculins, remporte deux catégories hier. En -81kg, on attendait logiquement Somon Makhmadbekov, médaillé de bronze aux JO de Paris et vice-champion d’Asie le week-end dernier. En finale, il domine le Russe Adam Tsechoev, vice-champion du monde juniors 2021, sortie à Paris et à Linz l’année dernière sans résultat. En -73kg, c’est la tête de série n° 8 Muhiddin Asadulloev et n°3 tadjik qui l’emporte sur un ko-uchi makikomi dans une ambiance volcanique, face au Mongol Batzaya.
Avec le titre de son -66kg Nurali Emomali hier, le pays hôte prend le leadership. Demain Kaili Issoufi (SGS Judo) en -78kg et Tieman Diaby (AJA Paris XX) en +100kg seront les derniers représentants français.