Le président du JC Cognac organisateur du Cognac Blues Passions

Judo, Cognac & Blues… En Charente, le JC Cognac est un club reconnu, souvent à la bagarre au niveau régional avec l’USJ86, Gemozac, Bressuire, Niort ou encore Echillais. À sa tête, un président charismatique également directeur haut en couleurs du réputé festival de musique Cognac Blues Passions qui s’ouvre la semaine prochaine. Un personnage à l’itinéraire aux nombreux chemins de traverses à qui le judo a servi de guide.

Michel Rolland devant l’ouvrage « 20 ans de Cognac Blues Passions » réalisé avec Sabine Eichler, www.bluespassions.com, 10 €

Un père verrier muté de Bordeaux à Cognac, Michel Rolland a sept ans lorsqu’il débarque en Charente. Peu importe le flacon, ce qui compte rapidement, c’est l’ivresse du dojo, l’atmosphère de ce club créé en 1950 par Alcide Gibeau. Un professeur de sport « pas bien grand, mais le fondateur, celui qui a formé ma génération, qui nous a appris la valeur du travail et de l’effort pour se réaliser, sur le tapis comme partout ailleurs », resitue Claude Beau, 7e dan, ancien CTR et président de la ligue, au club depuis 1962. Un état d’esprit, de très bonnes bases techniques du judo des années 70 et une forte dynamique dans laquelle Michel Rolland endosse le rôle du tenace, aux côtés notamment des frères Decosterd. « Michel ? Ça a toujours été ça : il va au bout. Je l’ai vu en cadets se faire étrangler mais ne pas taper. Il ne voulait pas abandonner, ce n’était pas envisageable. Il n’était pas le plus doué mais sa volonté l’a toujours fait s’élever. Je sais pourtant que ça n’a pas toujours été facile pour lui.» Champion de France minimes, le Charentais fut à la bagarre des « Excellence » indiv’ et par équipes après avoir aussi reçu l’enseignement de Yves Perrin à l’école de judo, connut le Bataillon de Joinville en 1977 au milieu des Richard Melillo et autre Jean-Pierre Hansen, puis une année à l’Insep « en contrebandier » dixit l’intéressé, avant un retour au bercail pour passer ses BE et ses grades. Le judo, au cœur, toujours, alors que sa carrière professionnelle est pour le moins sinueuse. Un concours en école de kiné raté, professeur de judo au Club Med huit mois par an pendant trois saisons… Le blues, lui, est encore loin… « J’ai toujours rêvé de faire de la musique, ose aujourd’hui le directeur du Festival Cognac Blues Passions. Mais ma famille n’était pas assez aisée pour que je puisse faire deux activités à la fois.» Ce fut donc la boite à rythme et les instruments qui vinrent à lui. « Le dojo de l’époque était situé au-dessus d’un centre culturel, j’ai saisi des opportunités. En 1981-82, j’ai créé une école de musique à Cognac, puis un festival de théâtre, en total autodidacte. Puis ce fut la création du festival de musique de Cognac. J’adorais la musique afro-américaine. Le maire de l’époque m’a donné ma chance.» Nous sommes en 1994.

Chercher le progrès

2000 : le festival se fait sa réputation. Mais Michel ne tient pas en place. « Tu progresses quand l’adversaire est plus fort que toi ». Il s’en va piger pendant trois ans comme directeur des affaires culturelles de Brive-la-Gaillarde… Avant de revenir au bercail. Dix ans plus tard, les subventions des pouvoirs publiques ont laissé place à des partenariats importants avec le secteur privé. Le budget du Festival et de la structure associative qui le gère dépasse les deux millions d’euros. Le Festival, lui, attire porte Saint-Jacques et ses environs des mythes vivants (Otis Clay, Ray Charles, BB King…) des espoirs et quelques « guests » comme Charlie Winston ou Sting. 200 artistes chaque années, six jours de concerts, 70 000 festivaliers… « Mais tout cela, la musique, ce n’est qu’un alibi, lance, toujours bon verbe mais cette fois à contre-pied, Michel. La musique, il faut qu’elle soit bonne, mais il faut surtout la partager, faire se rencontrer les gens.» « Sa réussite dans la musique ? Elle est très belle, mais il aurait réussi dans un autre domaine s’il l’avait décidé, avec cette idée de fraternité qui l’anime », confirme Claude Beau, jamais très loin du tapis de 500m2 du JCC. Le judo, un sujet de discussion avec les « musicos » ? « Disons que tout le monde sait que je suis judoka, et ce que le judo m’a apporté. Quand on parle volonté, détermination, on parle de nos parcours. Quand je parle du judo, ça les intéresse toujours. Le judo, le kim blanc, la ceinture noire, ça résonne chez eux. La ceinture rouge et blanche, ça représente quelque chose d’énorme pour les gens. On ne doit pas oublier ça, ne pas le banaliser, en tant que judoka.»  De sa formation judo à la cognaçaise, Michel Rolland a sans doute eu aussi la confirmation de son âme de bâtisseur. Alors, à l’heure où son aîné, Claude Beau, veille sur « Les enfants d’Alcide », une association pour rassembler élèves et dirigeants qui ont travaillé avec Alcide Gibeau pour conserver l’esprit comme une essence précieuse dans un flacon fragile, Michel Rolland veut se lancer dans une nouvelle aventure, lui qui donne aussi des cours de ne-waza tous les jeudis soirs et prépare son 6e dan… « Pour se mettre un peu en danger après presque 50 ans de judo. C’est comme si je me retrouvais à nouveau devant une page blanche avec un objectif précis à préparer, des partenaires avec qui travailler, des sensations à trouver. Chercher le progrès, en somme. C’est aussi un message pour mes fils que j’encourage à être entreprenants : montrer que c’est possible quand tu le décides. On n’est pas des sages, mais on peut… non, on doit transmettre par l’exemplarité. C’est ce que je judo m’a fait comprendre pour ma vie d’homme, au-delà de la technique, de la victoire et de tout le reste. » Le Festival Cognac Blues Passions s’ouvre mercredi prochain à Cognac avec un programme exceptionnel (voir ci-dessous), avec un organisateur haut en couleur fou de judo (et fort en ne-waza!) et des judokas du JCC un peu partout à la manoeuvre avec la même énorme dose bonne humeur. Un événément singulier, aussi blues que judo. Donc, un seul conseil : allez-y !

Infos sur http://bluespassions.com/