C’est le national du Japon, décisif pour le rendez mondial

Les fleurs de cerisiers bourgeonnent partout au Japon en ce moment. C’est le traditionnel moment pour la fine fleur de l’archipel de venir se confronter dans un championnat du Japon toujours aussi lourd d’enjeux. Ce week-end à Fukuoka, il faudra toute la vaillance des artistes nippons pour accrocher le billet pour les Mondiaux qui se tiendront à Chelyabinsk (25 au 31 août). Dix-huit visas seront délivrés pour ce rendez-vous planétaire, l’avant-dernier avant les Jeux Olympiques de Rio de Janeiro. La sélection sera impitoyable mais l’année 2013 a prouvé que Kosei Inoue et les autres pontes pouvait emmener un garçon ou une fille qui aurait échoué dans ce test redoutable. L’événement dans l’événement c’est la présence de Shohei Ono. Le roi des moins de 73 kilos remet son titre en jeu après une saison où il a squatté la colonne des faits divers. Naohisa Takata, Kaori Matsumoto, Masashi Ebinuma, ces princes du judo japonais sont là eux aussi pour garnir leurs armoires à trophées. Les jeunes loups comme Takanori Nagase ou Masyu Beiker, vainqueurs du Grand Chelem de Tokyo, sont attendus dans l’avion pour ce qui serait leur première sélection internationale… A moins qu’ils ne craquent sous l’enjeu. 

-48kg : En l’absence d’Haruna Asami, elles sont nombreuses à viser le billet Tokyo-Chelyabinsk. En tête de liste, Emi Yamagishi, revenue de l’oubli. La médaille d’or du TIVP apparait comme favorite face aux jeunettes championnes du monde juniors 2010 et 2011, Miri Toda et surtout Hiromi Endo, qui a gagné du Masters 2013.

-52kg : Misato Nakamura poursuit son  retour vers un troisième titre mondial après son break post-JO 2012. La reine des retournements au sol a soufflé le chaud et le froid depuis son come-back. Si elle a remporté la Coupe du Kodokan en novembre, elle n’a pas dépassé le 2e tour à Paris. Yuki Hashimoto, 3e des Mondiaux, viendra pour maintenir son statut de nouvelle tueuse de la pleine lune et le clash pourrait être violent. A moins que Yuka Nishida, championne du monde 2010, ne surprenne les deux favorites avec ses seoi-nage terrifiants. 

-57kg : A Düsseldorf, elle a joué avec la concurrence. Kaori Matsumoto devrait logiquement traverser ce championnat du Japon pour filer à la poursuite de son deuxième sceptre mondial après 2010, première étape vers un doublé olympique à Rio. Mais la petite Anzu Yamamoto, qui a gagné Paris, essayera néanmoins de forcer la porte et Udaka Nae, 1e à Tokyo et 2e à Paris a bien tenu la maison. Enfin Christa Deguchi, la junior de l’année, est en embuscade.

-63kg : Kana Abe, la petite amie de Masashi Ebinuma (ça c’est de l’info…), tient cette catégorie dans l’archipel alors que Yarden Gerbi ou Clarisse Agbegnenou la punissent régulièrement à l’international. Le billet lui semble a-priori promis.

-70kg : Peut-être la catégorie la plus ouverte. La vice championne du monde junior Chizuru Arai a déboulé dans le jeu en claquant l’or au Grand Chelem de Tokyo avec des victoires sur Yuri Alvear et Kim Polling. Troisième à Düsseldorf elle peut être considérée comme la favorite, malgré son jeune âge, face à la rayonnante, mais désormais irrégulière Haruka Tachimoto (3e à Paris) et à Karen Nunira, qui s’est fait une spécialité des compétitions nationales. 

-78kg : Qui pour aller prendre Audrey Tcheuméo au collet ? La puissante Ruika Sato, Tomomi Okamura, vainqueur de la Coupe du Kodokan, ou une autre ? Pas d’Akari Ogata en revanche. La plus jeune des quatres mousquetaires s’est effondrée depuis la crise des féminines japonaises de 2012.

+78kg : Une belle catégorie à Fukuoka, une semaine avant la Coupe de l’Impératrice, le championnat toutes catégories des filles. Megumi Tachimoto, invaincue depuis les Mondiaux, en or à Paris et Düsseldorf, est de loin la meilleure lourde nippone. Mais des filles, plus jeunes et intéressantes, arrivent sur son territoire. On pense à Kanae Yamabe ou à la très jeune Sara Asahina.

Les masculins
-60kg :
 Naohisa Takato est le roi du monde… mais au Japon il a la pression. Si le champion du monde des moins de 60 kilos est intenable à chacune de ses sorties internationales, l’an passé, il ne s’était classé que troisième. En arrivant à Fukuoka, il a prévenu qu’il venait pour appliquer le tarif habituel. On parie qu’il va tenir sa promesse ?

-66kg : Comme Matsumoto, Masashi Ebinuma a pulvérisé la concurrence à Düsseldorf. L’impression de voir un senior jouer avec des cadets. Dimanche, la partie devrait être un peu plus serrée face à Masaaki Fukuoka qui l’avait battu l’an passé. Même en cas de revers on ne voit pas comment Inoue pourrait ne pas amener cet artiste en Russie où il quêtera un troisième titre mondial consécutif. 

-73kg : Il n’a sûrement pas manqué à Ugo Legrand et à ceux qu’il a sèchement battus à Rio de Janeiro. Pourtant, Shohei Ono est bien de retour. L’affaire des brimades au sein du campus de Tenri l’a éloigné des compétitions internationales. Il signera son retour à Fukuoka face à son grand rival Riki Nakaya et au revenant Hiroyuki Akimoto, vainqueur à Düsseldorf. Rien de moins qu’un match entre les trois derniers champions du monde des moins de 73 kilos. Énorme ! 

-81kg : Le billet pour les Mondiaux sera cher entre plusieurs prétendants. On connait l’indolent Takahiro Nakai, de plus en plus loin du niveua international, mais aussi Keita Nagashima, 2e du Master 2013. Heureusement pour la catégorie au Japon, ils sont désormais outsiders face à l’impétrant Takanori Nagase. Vainqueur de Piétri et Tchrikrishvili au tournoi de Tokyo puis 3e à Paris, ce maître des ashi-waza visera une première cape internationale. 

-90kg : Hiérarchie toujours insaisissable chez les moins de 90 kilos. Masyu Becker est le dernier à rentrer dans ce joyeux bazar avec sa victoire à Tokyo et sa troisième place à Paris. Ses aînés Daiki Nishiyama, 2 fois vice-champion du monde, et Masashi Nishiyama, 3e des JO, espèrent bien mettre sa fin à sa montée en puissance au même titre que le baroque, mais toujours intéressant Hirotaka Kato. 

-100kg : Les Européens Grol, Krpalek, Mammadov et Maret ont la main mise sur cette catégorie. Difficile de percer à l’international pour Takashi Ono et ses compatriotes. Ono, 33 ans et toujours aussi beau sur uchi-mata, reste le meilleur argument nippon.

+100kg : Quelques semaines avant que Teddy Riner n’aille lancer sa saison aux Europe, Ryu Shichinohe et Daiki Kamikawa s’attendent pour un duel intéressant. Ces dernières semaines, ces deux-là, qu’on voyait définitivement trop faibles pour le niveau requis, ont affiché de beau progrès. Shichinohe a plané sur Bercy pendant que Kung-Fu Panda retrouvait de sa superbe avec une victoire ultra brillante à Düsseldorf.